"Marche, marche et tu verras !"

Ce sont les mots de Vincenot, "l'enfant du pays", de ma Bourgogne natale, qui raconte l'apprentissage d'un compagnon, de ceux qui travaillaient sur les chantiers des cathédrales, et son chemin jusqu'à Compostelle... Ceux qui ont déjà vécu profondément des pélerinages, courts ou longs, des chemin de croix l'auront ressenti : on peut prier par les pieds ! Marcher, mettre un pas devant l'autre, puis encore un, et ainsi de suite... Peu à peu le rythme se fait, la régularité s'impose, on prend son pas et on peut laisser vagabonder son esprit un peu plus haut que ses pieds... Parfois il s'envole directement à Dieu !

Il y a eu ce mini-camp, pendant les vacances de février, il y a des années... Une école de prière, beaucoup de partages, d'humilité, de temps d'échanges aussi... Apprendre à vivre seulement pour Dieu pendant quelques jours... Et cette marche aux flambeaux, dans la nuit, avec la neige qui était tombée. Je faisais partie des plus jeunes. A ma gauche, un des prêtres animateurs du camp, à droite une animatrice d'aumônerie. Je m'endormais presque... Pas après pas j'ai avancé, entre eux, avec ma petite flamme, guidée et poussée par d'autres petites flammes. Encore aujourd'hui je me souviens de ces pas et des prières endormies qui allaient avec... "Marche, marche, et tu verras !"

Et puis la marche ce n'est pas juste pour les pieds. C'est un verbe, c'est un nom, c'est un mot qui "marche" pour plein de choses, pour les sabots ou les bottes, les voitures, le jouet en Lego qu'on vient de construire, l'hélico en Meccano qu'on a réussi à assembler "tout seul, hein, comme les grands, même pas besoin de toi ! Ou alors juste un tout petit peu"... C'est l'effort à fournir pour avancer, même quand on tombe, même quand ça plante, quand les mots ne viennent pas, que le blog ne marche plus, que la journée n'est pas bonne, que... Et puis, à force de persévérer, enfin le sourire se dessine, on lève les bras au ciel, c'est à peine si on croit à ce qu'on voit : ça marche !!

Et encore, la marche ce n'est pas seulement à l'horizontale. C'est aussi l'obstacle à franchir, matériel ou non... D'ailleurs dans mon entreprise, quand on évoque un changement on entend souvent parler de "hauteur de marche"... Il faut lever le pied, faire un geste supplémentaire, peu naturel. Ce n'est pas un pas ordinaire, c'est une marche à monter, un niveau à passer. Plus la marche est haute et plus elle est infranchissable... Chacun son niveau... Oui mais celui qui est en haut peut donner la main à celui du dessous, et quand on met le petit sur une marche, il devient grand... Jeu de l'égalité, un peu jeu de triche pour faire un pied de nez à ce qui n'est pas très juste...

Dans nos vies, on en connaît un autre dont on sait qu'il a beaucoup marché... Il a tellement usé ses sandales sur les chemins d'Israël qu'il nous a dit : "Je suis le chemin, la vérité, la vie" (Jean 14, 6). Alors, ma soeur, mon frère, donne-moi ta main, prenons sa suite !

Marche, marche, et trouve ton chemin ! ;)

Et merci à mon amie Corine qui m'héberge aujourd'hui... C'est un peu à cause de sa provocation que j'ai écrit ce texte :)