Soleil froid
Par Tigreek le samedi 05 mars 2011, 22:49 - Nombrilisme - Lien permanent
Vendredi matin. Le ciel est clair, blanc, laiteux, presque aveuglant, en ce petit matin de fin d'hiver. La boule de feu qui l'éclaire, flamboyante, d'un vif ton jaune-orangé, semble isolée, toute petite dans ce ciel immense et froid. Sa couleur n'irradie pas l'horizon comme elle le fait en d'autres occasions. Sa chaleur n'atteint pas plus les froides tours où courent les citadins emmitouflés, se rendant au bureau.
La prière m'accompagne, comme chaque matin. Mais elle aussi présente un aspect inhabituel, sèche, vide. Bien sûr, j'étais au courant que cela pourrait m'arriver. J'avais déjà reçu l'avertissement, je l'avais déjà lu chez d'autres, mais je ne l'avais jamais réellement éprouvé. Le temps où les mots répétés ne paraissent plus un élancement vers Dieu mais ne sont plus que des mots, où plonger dans la prière équivaut à se jeter dans un vide insondable, où la présence de l'Esprit devient froide solitude...
Cela fait plusieurs semaines que cela dure maintenant. Et pourtant... Si l'aridité est là, les signes sont toujours présents, me confirmant une présente agissante malgré le peu de ressenti que j'en ai. L'examen passé avec succès, cette soif de continuer la théo, l'acceptation de mes jours de congé pour le colloque, le bouleversement d'une bénédiction, toutes les "coïncidences" du quotidien... et une présence manifestée autrement, une amie pleinement habitée, qui me touche, me hisse, me maintient, m'encourage, me confirme la solidité du lien que nous avons tissé.
C'est étrange. Mon cœur est vide, et je garde une certitude : il faut persévérer. Prier, travailler, encore, parce qu'à présent je sais que Dieu est là, je ne l'ai pas imaginé. J'en ai l'intime conviction, inébranlable. Et je veux rendre grâce[1]. Malgré cet abîme.
Notes
[1] eucharisteuô...
Commentaires
Oh... Plusieurs semaines, ca doit paraitre si long... Je comprends ta souffrance (enfin je crois) et je vais prier pour toi, Tigreek !
@Caroline : merci !
Tu commences juste le Carême à ta façon, avec un eu d'avance due sûrement à ton enthousiasme...
Nous allons traverser ensemble ce désert et je te porterai dans ma prière.
Comme Seb.
@Seb et Corine : dit sous cet angle là, ça sonne plus juste. Merci !
Aride, sec, ce sont des mots pour le désert. Les hébreux l'ont traversé, Jésus y est allé. Il faut le traverser avec autant de courage et de foi que possible. Nous traversons tous le désert, 40h, 40 jours, 40 ans...Temps de tentation ? Temps de purification ? Temps d'écoute de Dieu et non de soi ? A chacun son interprétation. Tu n'es pas seule. D'autres y sont passés, d'autres y passeront, et d'autres y sont en même que toi, avec toi...en prière. Garde toujours en tête qu'Il est devant et qu'Il sait où Il te mène. Garde confiance. Nous prions avec toi, pour toi. Courage.
@zoé : que dire, sinon que tes mots touchent juste ? Je me sens partir en révolte et je ne voudrais pas... Je ne veux pas lâcher, je veux continuer mais mes mots me trahissent parfois.
Difficile à vivre, difficile de buter sur chaque mot, difficile à dire ici, aussi. Internet n'est pas fait pour la faiblesse. Mais je le vis, d'autres le vivent, il semble que cela fasse partie du chemin de foi de chacun. C'est important de le savoir. Et de savoir qu'on n'est pas seul. C'est aussi ça être chrétien... Merci à tous
Si quelqu'un à soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit
en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein. Jn 7,37
@max : accepter d'être eau vive sans condition, de redire 'oui', chaque jour quel qu'il soit... Merci.