mardi 13 janvier 2015

Au levant

Le ciel dégagé se pare de couleurs qu'on ne trouve nulle part ailleurs... Par étages... Tout en bas, c'est la ville encore plongée dans la nuit, qui s'éveille doucement (ou qui s'endort, pour certains...), les lueurs parfois tremblotantes des lampadaires qui répondent à la lumière du levant... Juste au dessus, l'horizon gris-bleu, qui uniformise les lignes de crête des bâtiments...

Puis un rosé doux, comme signe du feu qui va arriver mais n'est pas encore tout à fait là... Encore au dessus, quelques nuages flamboient, couleur de braise, et mettent déjà le feu au ciel, prélude à ce qui arrivera dans un instant... Le regard continue à monter et croise les lignes dorées des avions laissant leur traînée de vapeur dans leur sillage, dans l'azur immense... Et tout en haut, galopant au dessus de nos têtes, les nuages dont le volume apparaît tout en contrastes, dorés côté de l'Orient, rosés par dessous, gris perle pour l'ombre...

Quelques minutes plus tard, le haut de la boule de feu apparaît, surplombant tout juste les premiers toits. Et le temps d'écrire ces quelques lignes, c'est déjà la moitié d'une sphère de braise qui illumine l'espace ! Tout s'embrase, tout ce qu'elle touche s'illumine, l'ambiance change... Le feutré de l'aurore laisse place à la franche lumière matinale... L'azur se fait profond, les nuages blanchissent et deviennent éclatants... Bonjour ! :)

J'aime ces moments fugaces, ces instants de transformation, qui permettent de passer, paisiblement et sûrement, de la nuit à la journée, de retrouver l'énergie pour toutes nos activités... Ces derniers jours, c'est aussi de quoi prendre l'énergie pour contrer la peur, la lumière contre l'obscurantisme, l'humour et l'Amour contre toutes les bêtises dont nous sommes capables...

vendredi 08 février 2013

Matin ordinaire

Huit heures. Les nuages s'effilochent sous l'effet du vent. A l'est, le ciel flamboie. Le soleil n'est pas encore apparu au dessus de l'horizon, mais ça ne saurait tarder. Un panache de vapeur tente de rejoindre ses grands frères, mais à cette distance, on dirait que la course est perdue d'avance. Une grue bouge lentement, signe que la ville n'est pas si endormie, que d'autres aussi arrivent tôt à leur poste. En bas, les phares des voitures, petites lumières mouvantes, s'éteignent peu à peu.

Le silence est encore présent sur le plateau. La climatisation ronronne. C'est un bruit que l'on ne peut percevoir qu'à cette heure-ci, avant les conversations, les sonneries de téléphone. Moment parfait pour travailler tranquille. Ou prendre quelques minutes pour regarder le panorama. Café, mails, messagerie instantanée. Petit bonjour à mes collègues au bout du monde. On échange les nouvelles, je leur raconte les dernières anecdotes de mes filles, qu'ils ont vues l'été dernier. Ils partent déjeuner. Là-bas, c'est l'hiver aussi, ils trouvent qu'il fait froid. Quinze degrés de plus qu'ici, quand même.

Café terminé, mails dépilés. Les choses sérieuses s'amorçent, les priorités s'agencent. La journée peut commencer[1].

Note

[1] La journée de travail, s'entend. Parce qu'à la maison, la journée débute à six heures...

samedi 05 mars 2011

Soleil froid

Vendredi matin. Le ciel est clair, blanc, laiteux, presque aveuglant, en ce petit matin de fin d'hiver. La boule de feu qui l'éclaire, flamboyante, d'un vif ton jaune-orangé, semble isolée, toute petite dans ce ciel immense et froid. Sa couleur n'irradie pas l'horizon comme elle le fait en d'autres occasions. Sa chaleur n'atteint pas plus les froides tours où courent les citadins emmitouflés, se rendant au bureau.

La prière m'accompagne, comme chaque matin. Mais elle aussi présente un aspect inhabituel, sèche, vide. Bien sûr, j'étais au courant que cela pourrait m'arriver. J'avais déjà reçu l'avertissement, je l'avais déjà lu chez d'autres, mais je ne l'avais jamais réellement éprouvé. Le temps où les mots répétés ne paraissent plus un élancement vers Dieu mais ne sont plus que des mots, où plonger dans la prière équivaut à se jeter dans un vide insondable, où la présence de l'Esprit devient froide solitude...

Cela fait plusieurs semaines que cela dure maintenant. Et pourtant... Si l'aridité est là, les signes sont toujours présents, me confirmant une présente agissante malgré le peu de ressenti que j'en ai. L'examen passé avec succès, cette soif de continuer la théo, l'acceptation de mes jours de congé pour le colloque, le bouleversement d'une bénédiction, toutes les "coïncidences" du quotidien... et une présence manifestée autrement, une amie pleinement habitée, qui me touche, me hisse, me maintient, m'encourage, me confirme la solidité du lien que nous avons tissé.

C'est étrange. Mon cœur est vide, et je garde une certitude : il faut persévérer. Prier, travailler, encore, parce qu'à présent je sais que Dieu est là, je ne l'ai pas imaginé. J'en ai l'intime conviction, inébranlable. Et je veux rendre grâce[1]. Malgré cet abîme.

Notes

[1] eucharisteuô...

mardi 26 octobre 2010

Pression matinale

Dans la jungle urbaine, le jour n'est pas encore levé. Le froid mordant du petit matin s'ajoute à la lueur blafarde du ciel pour miner le moral des troupes, en route vers leur lieu de travail.

Casque sur (ou dans) les oreilles ou livre à la main, emmitoufflé avec soin, chacun a sa stratégie pour tuer le temps, prenant son mal en patience sur le quai gris et balayé de rafales de vent. De temps en temps, les yeux se lèvent pour consulter l'heure, et les minutes restantes à attendre le prochain train... Soudain, l'affichage se modifie, annonçant un retard du prochain transport.

C'est une véritable guerre psychologique. Pas de bruit, pas de sang, pas de coup de feu. Tout se passe en silence. Chaque guerrier est solitaire dans son but mais tous sont solidaires dans l'action : il faut que le train arrive. Les chiffres défilent, blancs sur fond bleu, et chaque changement marque un point dans le combat : une minute de plus, et la pression monte, les souffles sont retenus, les exclamations de colère à peine étouffées. Une minute de moins, c'est un soupir de soulagement, le regard plus clair, les mouvements de tête qui se font plus détendus.

Jusqu'à ce que la ligne sur l'écran clignote : le train a passé le capteur de proximité. Alors ces soldats de quelques minutes s'alignent, docilement, sur le bord du quai. La rame s'immobilise, les groupes se pressent contre les portes, entrent. En quelques secondes tout le monde est entré. Une victoire assurée, la journée s'annonce belle.

vendredi 25 septembre 2009

Un matin sur la Terre...

Le wagon d'un train de banlieue parisienne, un peu avant 8h un matin de semaine, ce n'est pas le lieu le plus réjouissant qui soit. Étudiants aux livrées diverses, cadres en costume-cravate, jeunes mamans venant de laisser leur progéniture à la crèche, chacun est plongé dans ses pensées, sa musique, son livre... Quelques discussions ont débuté sur le quai et se poursuivent, voix isolées couvertes par le bruit de fond des roues sur les rails.

Le jour se lève, timidement. Le train est encore aérien dans cette partie du parcours, et mes yeux cherchent la distraction à l'extérieur, dans le paysage urbain et industriel, parfois abandonné à la nature, qui défile. Le ciel pâlit, passant du bleu profond de la nuit au blanc de l'aube... Déjà les nuages d'altitude rosissent, le soleil ne tardera pas à briller de sa lumière douce de fin d'été... Au sol, des bosquets en bord de Seine laissent la place à des maisons, puis à une usine...

Pendant quelques dizaines de secondes, le train change d'orientation, et c'est une vue presque irréelle qui se dégage. Au premier plan, quelques arbres, des espaces pas encore urbanisés ; au loin, teintées du bleu de l'horizon, se dégagent les tours de la Défense, chacune différente et si caractéristique, entourant l'arche. Et masquant le haut des tours, quelques nuages, comme accrochés par ce relief inhabituel dans la vaste plaine. Cette brume donne un aspect fantomatique à ce paysage particulier, et au voyageur qui se dirige vers ce centre, l'impression de voyager vers une illusion... Dans les dernières secondes, la boule rouge flamboyante du soleil levant ajoute une touche fantastique à cette vision...

Le train entre dans le tunnel, arrive bientôt en gare... Sourire, les yeux dans le vague, le cœur en louange. La journée sera belle !