Mot-clé - Communauté

Fil des billets - Fil des commentaires

lundi 12 mars 2018

Aimer comme... un passage de relais

Alors voilà, c'est juste à la fin d'un dimanche de Laetare. Pendant ce Carême, il y a eu cette belle histoire, tu vois. Celle d'une demande : "donne-moi un défi", et ma réponse, exagérée peut-être. Une réponse qui avait confiance en ses mots, en son regard bienveillant, en Ses pépites données chaque jour.

Elle est chipie, un peu, l'amie... Parce que je ne sais pas si elle s'est rendue compte, elle a embarqué mon coeur dans l'aventure. Je me sentais responsable de ce que j'avais lancé. Comme le Petit Prince responsable de sa rose... Et quand elle dit qu'elle met le mot 'fin', parce que c'est plus raisonnable, parce qu'il y a plein d'autres choses, j'ai envie de reprendre le flambeau. Même si mon agenda est plein aussi. Même si je ne dors pas beaucoup. Même si le voyage d'études qui s'annonce promet de chambouler le quotidien...

Peut-être que j'y arriverai. Reprendre le fil quotidien, donner un peu de ce que je vis, de plus en plus depuis six mois. Parler de l'Amour de mon Créateur, celui qui devient de plus en plus une évidence dans ma vie, mon quotidien, celui que je dois apprendre à transmettre, même si je trouve que mes mots sont bien pauvres pour rendre cette richesse incroyable !

Peut-être que c'est ça aussi, un passage de relais : exprimer la force de la communauté, du lien fraternel qui nous unit au-delà des mots, au-delà de nos existences. Peu importe la distance entre nous, nous sommes unis dans notre Foi, dans notre chemin vers Pâques, dans une montée spirituelle qui seule peut nous transformer !

Alors, si tu veux cheminer, toi qui me lis, dis-le moi. Franchement. Je ne me vexerai pas si tu me dis non, j'apprécierai d'écrire si cela jalonne ton chemin. Il y a plein d'autres initiatives (à commencer par le désormais célèbre Carême dans la ville des dominicains), des tas de façons de partager l'Amour. Si mes mots t'aident, je les écrirai... même si je souffre encore de ce syndrome de l'imposteur (qui ne passe pas, m'a assuré une pasteure blogueuse).

mercredi 29 novembre 2017

Accueillir l'inattendu

Quand aucun incident ne vient émailler le trajet de transport en commun, j'arrive à la fac avec une demi-heure d'avance[1]. Dans la salle déserte, je coule tranquillement un œil au dehors. La cour est arborée, les feuilles d'automne volent, au loin le soleil paresseux d'hiver finit de se lever, dorant les nuages sur l'horizon.

J'entends une porte qui s'ouvre, se referme. Je ne vois personne, mais on dirait que d'autres sont arrivés tôt, eux aussi. Je sors dans le couloir, sans me faire trop d'illusion sur ce que je vais y trouver : vide... La porte vitrée de l'atelier biblique créatif attire mon regard, des œuvres y attendent d'être terminées ou exposées.

De nouveau du bruit, dans l'escalier cette fois, une voix connue m'appelle, et enchaîne : "on fait un temps de louange, tu viens avec nous ?". Temps de surprise, quelques secondes d'hésitation, je revois les doutes des derniers jours sur ma capacité à prier quotidiennement. Alors je m'entends dire "bonne idée, volontiers !".

Je n'ai pas l'habitude du format proposé : des prières spontanées, de louange d'abord, un chant, puis de pardon et d'intercession ensuite... J'ai peu parlé. Ça m'a fait du bien... Un temps, posé, avec des frères et sœurs, pour Dieu. Juste sous Son regard.

Les cours se sont succédés, ensuite. De belles rencontres avec les textes bibliques (ou coraniques ce jour-là, d'ailleurs !) et les chercheurs que nous sommes tous... Des étudiants aux profs, de tous âges, de tous horizons...

Puis des amis de ma promo m'ont proposé d'aller voir le culte avec Sainte Cène chez les diaconesses... Je n'avais rien prévu en soirée, c'était tentant. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous étions dans le train pour Versailles.

Cela faisait quelques années déjà que j'avais pris le temps, un week-end, de m'arrêter, pour une respiration dans la communauté... J'ai retrouvé le lieu avec tous mes souvenirs. Et surtout, cette chapelle incroyable ! Je pense qu'elle est unique. De l'extérieur, elle présente un habillage de verre en forme de flèche, comme un aiguillon vers le monde : une façon de dire que nous ne sommes pas du monde, mais envoyés dans le monde ? A l'intérieur, un tressage de bois crée comme une bulle, un œuf, un cocon protecteur... Effet d'introspection garanti !

La liturgie est à la fois sobre et riche, ecclésiale et monastique. Les diaconesses ont réussi ce tour de force d'inventer leurs rituels, en restant dans la tradition des règles d'ordres religieux, tout en induisant un je-ne-sais-quoi de légèreté, de disponibilité. Il me semble que c'est cet équilibre qui me permet, en arrivant de la société civile, de me dépouiller presque instantanément de tout le superflu, et trouver une prière, peut-être plus intense qu'à l'extérieur.

A la fin de la célébration, nous avons été chaleureusement salués par les sœurs, avec lesquelles nous avons eu une discussion sur notre formation, notre parcours, et la curiosité qui nous mène à aller célébrer dans différents lieux. Le lien entre les communautés et les Églises auxquelles nous appartenons se font aussi par ce biais...

En relisant cette journée, j'ai réalisé à quel point il suffit de dire 'oui' à de petites choses pour que Dieu nous accompagne... Accueillir l'inattendu : "vous ne savez ni le jour, ni l'heure"...

Note

[1] Explication de texte pour les non-parisiens : un trajet en transport en commun prend en moyenne 45 min. Le moindre problème sur une ligne de métro, RER, train de banlieue (déficience technique d'un train, conducteur qui manque à l'appel, agression dans une station, descente de police qui fait fuir les pickpockets sur les voies, tentatives de suicide, etc, etc) provoque un retard d'au moins 20 min, direct ou indirect. Pour avoir une chance d'être en cours régulièrement à l'heure, je prévois une marge d'environ 30 min...