C'est comme retrouver un ami que l'on n'a pas vu depuis quelques années... Rien n'a changé, mais tout a changé. Les installations, à moitié solides, à moitié de toile, sont les mêmes, les chants résonnent familièrement. Dans l'église les lumières du chœur créent cette intimité douillette qui réchauffe le cœur[1]... Ca paraît plus petit, moins magique, comme un quelque chose d'indéfinissable.

Cinq ans déjà. Cinq ans que je n'avais pas retrouvé ce lieu, que je n'avais pas prié, à même le sol, au milieu, en communion avec tous ces gens... Cinq ans que je n'avais pas croisé les sourires, langue universelle dans cet espace extraordinairement bariolé, multilingue, et tellement fraternel. Cinq ans déjà que la violence s'est exprimée, de la manière la plus incompréhensible qui soit, et comme une crainte, avant d'arriver, que les choses n'y soient plus tout à fait les mêmes... Les cloches résonnent toujours de cette mélodie caractéristique, trois fois par jour. Tout a changé, mais rien n'a changé.

Tout a changé. J'ai grandi, et aujourd'hui je peux mettre des mots sur des sensations qui m'assaillaient hier. J'ai vu d'autres choses, rencontré d'autres gens, pour finalement me rendre compte que cet endroit, c'est chez moi. Ni catholique, ni orthodoxe, ni protestant, et un peu tout ça à la fois. Comme moi. Ceux qui viennent ici cherchent l'étranger, l'Autre, sortent de chez eux pour s'aventurer à la flamme de l'Amour. Je ne me sentais à ma place nulle part, sauf ici. J'y suis chez moi.

Rien n'a changé. Dieu est là, plus que jamais, et son Esprit souffle sur la colline. "Silence" disent les panneaux à l'entrée de l'église ou près de la source. Écoute... Écoute ton cœur, écoute sa mélodie, et le rythme de la Vie qui bat en toi. Tu entends, maintenant ? Chante, chante encore, laisse-toi pénétrer par ces paroles. Ferme les yeux. Chante encore, écoute la Parole... Tu sens, maintenant, comme il est près de toi ? Tout près de toi, un très bon ami... Toujours là.

Notes

[1] Oui, je sais, c'est un jeu de mot pourri. J'assume.