dimanche 25 septembre 2011

Montagnes... suisses et théologiques

Cela fait deux ans maintenant. Deux ans que ce blog, en plus de se faire le témoin d'un oecuménisme vécu au quotidien, me sert aussi à vous exposer[1] mes états d'âme tout au long de mes études de théologie.

Au lendemain d'un de ces examens, à l'orée d'une nouvelle année de cours, est-ce le moment de faire un bilan ? Ou, sinon un bilan, du moins donner quelques ressentis...

La première constatation, c'est qu'il vaut mieux être sévèrement allumé pour faire ces études[2]. Dans une société athée, Dieu n'est pas à la mode. Etre croyant, pratiquer une religion tient déjà du défi, du grain de folie... On s'expose au mieux aux questions, au pire aux moqueries et au ridicule[3]... Alors pousser jusqu'à étudier la théologie...

En découle la folie de reprendre un cursus universitaire après plusieurs années en activité, ce qui sous-entend de reprendre une activité intellectuelle, mais aussi de le faire en gardant son activité professionnelle, une harmonie familiale, un peu d'équilibre personnel... Et je ne parle même pas du retour de la pression des examens !

Dans ce cadre, tenir plusieurs mois, voire plusieurs années, tient, je pense, autant du signe que de la ténacité. Affronter les emplois du temps surchargés, les piles de livres à exploiter, les devoirs à rendre, l'équilibre familial à préserver, les contraintes professionnelles à gérer ; et malgré tout, continuer à aimer, désirer, anticiper ces études... Et, question que l'on me pose souvent, pour quel but ? Tout est ouvert. Différents ministères peuvent se trouver au bout de la formation. Le ministère pastoral bien sûr, mais aussi sans doute des postes auxquels on ne pense pas lorsqu'on commence la théo... Aumônerie ? Animation ? Mission ? ... Dieu le dira !

Pour l'instant, j'entame ma troisième année d'études. L'objectif ? Licence de théo[4] en juin 2015...

Notes

[1] à vous mes lectrices et lecteurs que j'ai appris à connaître, aussi, un peu ;)

[2] à distance, reprendre la fac, après une période sans réflexes d'étudiant...

[3] je parle bien de la France, ici au moins nous avons la chance de ne plus avoir de persécutions !

[4] ou bachelor, pour les suisses

vendredi 18 mars 2011

Feu et eau

Nous sommes trois. Tous trois étudiants en théologie. D'âges, de parcours, de milieux, de sensibilités, de métiers différents ; mais unis par nos études, que nous suivons à distance, comme un complément indispensable à nos vies déjà bien chargées... Les liens créés en sont particuliers : nous ne nous côtoyons pas tous les jours comme les étudiants en présence, et lorsque nous nous rencontrons, nous devons aller à l'essentiel. Nous ne pouvons pas nous permettre d'approche "classique", nos échanges sont directs, au fond des choses : ça passe ou ça casse.

Entrer en théologie ne laisse pas indemne. Les cours donnent à réfléchir sur ce que l'on sait (ou pas), ce que l'on croit, sur les idées que nous avions de notre propre foi, des textes, des contextes, de l'Histoire et des histoires... C'est parfois difficile, violent, car cela touche au plus profond de nous. Il faut accepter, se laisser mettre à nu par les enseignements qui nous sont proposés. C'est un vrai travail d'humilité, une prise de risque. D'autant plus risquée que nous sommes plongés dans la vie active, avec son lot d'inattendus, au travail, en famille...

C'est aussi la découverte d'un Tout Autre, les multiples approches d'un Dieu qui s'exprime par autant de formes qu'il existe d'êtres... Il nous surprend, nous accueille là où nous ne pensions pas le trouver, nous attire dans la prière et parfois nous y laisse seuls[1], se dévoile dans un mot, une traduction, un verset, une exégèse... Dans la vie paroissiale et ecclésiale également, les regards changent, des mains se tendent, des portes s'ouvrent, peut-être trop vite à notre goût.

Chacun de nous chemine "comme le Seigneur l'a donné à chacun"[2]. Tour à tour brûlant au feu de l'Esprit, emporté dans un torrent de perceptions nouvelles, guidé par les signes qui jalonnent nos quotidiens et que l'on apprend à voir. Tremblant de peur aussi, devant l'ampleur de ce qui nous est demandé, et la faiblesse de ce que nous sommes, l'évidence que nous ne sommes rien... sans Lui.

Aujourd'hui, nous sommes tous les trois rassemblés au pied de la croix. Pleinement conscients de ce qui nous attend, de notre faiblesse, remplis de peur, et en appelant à la grâce de Dieu.

Notes

[1] en apparence...

[2] 1 Corinthiens 3, 5 : ἑκάστῳ ὡς ὁ κύριος ἔδωκεν ; justement traduit hier au soir pour préparer l'examen final de NT...

mercredi 22 décembre 2010

En route...

Quelques mots jetés en ligne pour expliquer une absence (momentanée)... Je me trouve actuellement en Suisse, dans la ville de Calvin, au coeur d'une faculté vieille de presque cinq siècles, à quelques pas du mur des Réformateurs, pour une session intensive d'hébreu.

Quatre jours à "manger" de l'hébreu, jusqu'à l'épuisement d'indigestion, au milieu d'un groupe d'apprentis théologiens tous plus motivés et talentueux les uns que les autres...
Quatre jours avec une "baby-sitter" d'exception, me déchargeant à merveille de ma fille pendant mes cours, tandis que je la retrouve matin et soir...
Quatre jours d'humilité, de souffrance, d'espoir, de discussions à coeur ouvert et en y mettant tout ce que j'ai, de confrontation aussi avec des convictions aussi fortes que les miennes...

Retour à Paris prévu demain soir, le coeur et la tête pleins, la motivation gonflée à bloc pour les examens de février et le prochain semestre.

mercredi 16 décembre 2009

Une journée chez nos voisins...

Samedi, il faisait frais, dans la capitale suisse, mais le soleil était au rendez-vous. Les professeurs et élèves aussi. Temps de rencontres, de joie, de partage, de rires et de critiques, de découverte des autres, ceux qu'on ne connaît que par forum ou webcam, ou par les commentaires laissés sur nos devoirs...

Il y a celle qui organise nos cours, toujours présente, discrète et attentive à la situation de chacun, proposant toujours plus pour que nous puissions suivre nos cours aussi bien que possible. Elle a toujours le sourire, et des tas de solutions qu'elle semble sortir de nulle part à tous nos petits tracas quotidiens.

A ses côtés, le doyen, qui dispense aussi les cours de Nouveau Testament. Aussi accueillant que précis, aussi rigoureux qu'ouvert à la discussion. Il lui suffit d'ouvrir la bouche pour que nous nous sentions insignifiants devant ce puits de connaissances. Et pourtant, avec son assistant, il sait se mettre à notre disposition pour nos questions de débutants...

Dans les rangs, se trouve celui qui pose des questions précises, pointilleuses, parfois énervantes car à la marge du sujet de nos cours. Il a le don d'agacer tout le monde, profs, étudiants et organisatrice réunis... Parfois nous avons bien du mal à ne pas répondre de façon acerbe à ce camarade de classe d'une journée...

Il y a la prof de grec, très enthousiaste, pédagogue, ouverte à toute question, attentive à nos interrogations, nos problèmes. C'est une passionnée, et elle a le charisme pour transmettre cet élan à ses élèves ! Le temps d'un cours, improvisé autour de nos questions, sa voix chantante nous a communiqué sa joie d'apprendre une langue, pourtant "morte", mais tellement vivante dans les textes...

Les autres étudiants sont là aussi. Divers, autant que peuvent l'être des personnes qui s'intéressent de près ou de loin au protestantisme. Ils sont de tradition réformée, luthérienne ou évangélique, peu importe, la théologie est la même pour tous. Ils sont jeunes, plus anciens, mariés ou non, souvent déjà engagés dans leur église locale : prédicateur laïc, musicien, responsable de caté... Chacun a son histoire, sa communauté, ses propres raisons d'étudier la théologie. Ils ont des métiers très divers, qui leur laissent plus ou moins de temps à consacrer à cette nouvelle activité. Parmi eux, une se distingue, d'un côté par son angoisse de ne pas réussir, de ne pas être à la hauteur ; de l'autre par sa motivation sans bornes pour ce nouveau chemin qu'elle s'est choisi.

Après un bon déjeuner, nous voici avec quelques heures de temps libre avant d'attraper notre train. La ville est en effervescence, car c'est la fête de l'Escalade, commémoration d'une attaque du Duc de Savoie repoussée par les genevois en 1602. Partout dans la ville, ce n'est que festivités, enfants déguisés et adultes en costumes d'époque, groupe d'arquebusiers et piquiers paradant avec force démonstrations de leurs antiques armes ! Nous achèterons la fameuse "marmite" avant de repartir, difficile de passer à côté...

Nous visitons la cathédrale Saint Pierre, la première cathédrale protestante que j'aie l'occasion de voir ! Cela me laisse une impression étrange, comme si les choses n'étaient pas à leur place... C'est la majesté d'un édifice monumental, mais sans le faste habituel d'une cathédrale. Les vitraux sont là mais les murs sont nus. Le choeur est vide à l'exception de la chaire, pas d'autel, de croix, seulement la Bible exposée au centre. J'ai l'habitude de ce dépouillement dans un temple, dans une église je m'attends à une toute autre ambiance. Je trouve tout cela très déroutant. Quelque part, c'est un peu un signe encore visible, cinq siècles plus tard, des affrontements terribles qui se sont déroulés entre catholiques et réformés. Luttes de pouvoir, de foi, de convictions, tout cela entremêlé...

Une petite histoire dit, qu'aux heures précédant un match de foot Suisse - Portugal, des supporters portugais sont venus à la cathédrale, et y ont cherché la Vierge pour lui laisser un cierge. Las ! De cathédrale, l'église n'avait que le nom ; de Sainte Vierge, point, pas plus que des cierges ! Il paraît que ce fut particulièrement difficile de leur expliquer que la cathédrale avait gardé son nom mais changé d'obédience...

Au retour, motivés par notre présence mutuelle, nous profitons des quelques heures de train pour avancer dans notre travail : qui sur une prédication, qui sur un devoir ou simplement sur les cours de la quinzaine... Je prends un temps de prière silencieuse, pendant que dehors, les lumières des villes défilent dans la nuit. Juste pour Lui dire merci...