lundi 06 février 2012

Anonyme, pseudonyme... Synonymes ?

C'est un marronnier pour les blogueurs, les participants à des forums ou les habitués d'Internet en général. C'est une mini-polémique qui a agité la catho-blogosphère la semaine dernière. Au départ, un twitt de l'abbé Amar, du Padreblog, devenu article complet, émettant des doutes sur l'honnêteté des gens s'exprimant par le biais de pseudonymes ou de manière anonyme.

"Le chrétien est un homme de lumière, il ne doit employer que des armes de lumière". Il y a confusion entre anonymat et pseudonymat. L'auteur le dit dans son article, anonyme et pseudonyme ne sont pas synonymes. Pourtant, il assimile les deux à des "voyous se couvrant le visage de cagoules". En simples termes juridiques, un blogueur paie son hébergement, ou à tout le moins doit généralement laisser une trace à son hébergeur de son nom et son adresse. Il n'est pas anonyme, même s'il utilise un nom de plume. Contrairement à l'anonyme passant[1] qui laisse un commentaire, parfois injurieux, sur un site, un forum ou un blog, le blogueur a "pignon sur rue" : on peut savoir de qui il s'agit, se faire une opinion d'après ses écrits.

Le pseudonymat est une simple précaution. Un peu comme de ne pas sortir dans la rue avec son nom inscrit sur le front au feutre indélébile. Il ne faut pas oublier que tout ce qui est sur Internet est, par définition, public. Et c'est surtout un danger, à mon sens : combien d'ados mettent à disposition, disponible pour n'importe qui, plus d'informations qu'il n'est nécessaire, et ce avec leur vrai nom, sur facebook ou twitter ? L'informatique est mon métier, j'en connais les possibilités et les dangers, c'est en pleine connaissance de cause que j'ai choisi mon pseudo et mon blog...

Certes, en pleine rue on peut aisément reconnaître un prêtre portant soutane, clergyman ou col romain ; un évêque à sa croix pectorale... Un pasteur réformé n'aura aucun signe extérieur de reconnaissance, mais est aussi un personnage public. Il me semble normal qu'ils parlent en leur nom, de la même façon que je peux parfois parler en mon nom en paroisse, si j'ai des engagements, ou au nom de ma société avec des clients ou des sous-traitants... Mais les gens que je croise dans la rue ne me connaissent pas, et se font une idée de moi à partir de ce qu'ils voient, observent, entendent... Exactement comme sur ce blog.

Quant à la mention "Bienvenue aux martyrs !"... Qu'en dire ? Si elle n'était pas prise dans une diatribe aussi sérieuse qu'elle semble l'être pour son auteur, je crois qu'elle m'aurait fait rire. Ce n'est pas parce que des frères chrétiens souffrent dans leur chair à cause de leur foi, un peu partout sur la planète, que nous devons faire de même. Ce n'est pas ainsi que nous les aiderons... même si certains prêtres rêveraient peut-être d'être parmi ces martyrs. Et donner un nom en pâture au web, lorsqu'on a famille avec enfants, est-ce vraiment bien raisonnable ? Des blogueurs tels que Koztoujours, Corine, Pneumatis (pour ne citer qu'eux) sont très engagés en paroisse, et présents auprès de leur famille. Je pense qu'ils vivent leur foi pleinement et au quotidien ; s'ils ne sont pas des martyrs, ce sont des cathos bien loin de la tiédeur...

Chers amies et amis, lectrices et lecteurs, je garde mon pseudo ici, chez moi :) . Certains parmi vous connaissent également mon nom réel ; à l'inverse, beaucoup de mes proches, certains de mes collègues connaissent également l'existence de ce blog... L'abbé Amar, s'il passe par ici (qu'il soit le bienvenu !) et souhaite savoir à qui il a affaire, peut me rencontrer. Il pourra s'assurer de mon "arme de lumière"... ou pas. Chaque blogueur utilisant un nom de plume doit un jour répondre à cette question. J'espère que ma réponse ne vous aura pas déçus.

Note

[1] et encore, celui-là aussi peut être tracé et inculpé, si besoin était...

mercredi 17 août 2011

Se laisser transformer par Dieu

Voici venu le moment de terminer l'icône. Comme à chaque étape, chacune des dernières touches que l'on va apporter porte son lot de symboles.

Les auréoles prennent leur couleur or définitive, symbole de la sainteté, lumière émise par ceux qui nous montrent le chemin vers Dieu. Encore une fois, ce n'est qu'une technique simple, j'ai utilisé de la gouache dorée. La technique à la feuille d'or, bien plus complexe, se fait différemment et parfois avant même de poser les ténèbres.

Puis tous les cadres (tour de l'icône, voire tour intérieur, auréoles) seront soulignés avec un liséré vermillon pur (rouge), toujours avec la symbolique du sang qui donne la vie. Et dans l'auréole du Christ, on tracera les signes qui lui sont propres : les trois branches de la croix, et les lettres grecques omicron - oméga - nu (οων), signifiant "celui qui est".

Les bâtons des anges, et les marques et noms des personnages sont également indiqués en rouge pur. L'iconographe donne ainsi vie aux différents saints ou modèles représentés sur l'icône. Chaque trait me fait penser aux veines du corps : si la planche était l'ossature, recouverte de la lumière dans laquelle Dieu nous a créés, les différentes couches de couleurs [1] forment la chair, et ces dernières lignes rouges sont les veines transportant la Vie !

Pour terminer, les dernières touches sont en blanc pur, signe de la lumière que nous avons reçue et que nous pouvons, que nous avons la mission de transmettre à tous ! Elles apparaissent sur les parties les plus claires des carnations : mains, pieds, visage, cou... En particulier, sur le cou, le blanc représente le souffle de l'Esprit, la force de la Parole de Dieu. Notre animatrice iconographe nous disait "C'est pour ça que souvent le Christ est représenté avec un cou de taureau !"...

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Et l'icône prend vie avec deux dernières touches : le blanc des yeux, toujours posé d'un seul côté de la pupille. L'icône est terminée lorsqu'elle regarde celui qui la regarde. Je dois toujours prendre un long temps de prière avant cette ultime étape, car toute l'orientation donnée à l'icône précédemment peut changer avec le regard donné à cet instant. Il peut être doux, un peu fuyant, dur, en échange[2]...

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Une fois terminée, l'icône est nommée au dos, toujours à l'encre rouge, pour prolonger le don symbolique de la vie par le nom.

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Et un moment très fort, pour l'iconographe comme pour le destinataire : lorsque celui-ci découvre pour la première fois "son" icône...

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... même à six mois, ça fait forte impression ! :)

Et bien sûr, la prière de l'iconographe ne s'arrête pas là... "Tu es responsable de ta rose" disait Saint-Exupéry dans le Petit Prince. J'ai écrit suffisamment peu d'icônes pour me souvenir de chaque, et continuer à prier pour chaque personne à qui je les ai offertes. Même si le souvenir s'efface, c'est un peu comme un fil, un lien particulier, une union de prière inaltérable qui m'unit à ceux qui les reçoivent...

Notes

[1] et chacune est importante, de la plus sombre à la plus claire !

[2] en particulier sur une Vierge à l'Enfant ou une scène biblique