C'est un marronnier pour les blogueurs, les participants à des forums ou les habitués d'Internet en général. C'est une mini-polémique qui a agité la catho-blogosphère la semaine dernière. Au départ, un twitt de l'abbé Amar, du Padreblog, devenu article complet, émettant des doutes sur l'honnêteté des gens s'exprimant par le biais de pseudonymes ou de manière anonyme.
"Le chrétien est un homme de lumière, il ne doit employer que des armes de lumière". Il y a confusion entre anonymat et pseudonymat. L'auteur le dit dans son article, anonyme et pseudonyme ne sont pas synonymes. Pourtant, il assimile les deux à des "voyous se couvrant le visage de cagoules". En simples termes juridiques, un blogueur paie son hébergement, ou à tout le moins doit généralement laisser une trace à son hébergeur de son nom et son adresse. Il n'est pas anonyme, même s'il utilise un nom de plume. Contrairement à l'anonyme passant[1] qui laisse un commentaire, parfois injurieux, sur un site, un forum ou un blog, le blogueur a "pignon sur rue" : on peut savoir de qui il s'agit, se faire une opinion d'après ses écrits.
Le pseudonymat est une simple précaution. Un peu comme de ne pas sortir dans la rue avec son nom inscrit sur le front au feutre indélébile. Il ne faut pas oublier que tout ce qui est sur Internet est, par définition, public. Et c'est surtout un danger, à mon sens : combien d'ados mettent à disposition, disponible pour n'importe qui, plus d'informations qu'il n'est nécessaire, et ce avec leur vrai nom, sur facebook ou twitter ? L'informatique est mon métier, j'en connais les possibilités et les dangers, c'est en pleine connaissance de cause que j'ai choisi mon pseudo et mon blog...
Certes, en pleine rue on peut aisément reconnaître un prêtre portant soutane, clergyman ou col romain ; un évêque à sa croix pectorale... Un pasteur réformé n'aura aucun signe extérieur de reconnaissance, mais est aussi un personnage public. Il me semble normal qu'ils parlent en leur nom, de la même façon que je peux parfois parler en mon nom en paroisse, si j'ai des engagements, ou au nom de ma société avec des clients ou des sous-traitants... Mais les gens que je croise dans la rue ne me connaissent pas, et se font une idée de moi à partir de ce qu'ils voient, observent, entendent... Exactement comme sur ce blog.
Quant à la mention "Bienvenue aux martyrs !"... Qu'en dire ? Si elle n'était pas prise dans une diatribe aussi sérieuse qu'elle semble l'être pour son auteur, je crois qu'elle m'aurait fait rire. Ce n'est pas parce que des frères chrétiens souffrent dans leur chair à cause de leur foi, un peu partout sur la planète, que nous devons faire de même. Ce n'est pas ainsi que nous les aiderons... même si certains prêtres rêveraient peut-être d'être parmi ces martyrs. Et donner un nom en pâture au web, lorsqu'on a famille avec enfants, est-ce vraiment bien raisonnable ? Des blogueurs tels que Koztoujours, Corine, Pneumatis (pour ne citer qu'eux) sont très engagés en paroisse, et présents auprès de leur famille. Je pense qu'ils vivent leur foi pleinement et au quotidien ; s'ils ne sont pas des martyrs, ce sont des cathos bien loin de la tiédeur...
Chers amies et amis, lectrices et lecteurs, je garde mon pseudo ici, chez moi . Certains parmi vous connaissent également mon nom réel ; à l'inverse, beaucoup de mes proches, certains de mes collègues connaissent également l'existence de ce blog... L'abbé Amar, s'il passe par ici (qu'il soit le bienvenu !) et souhaite savoir à qui il a affaire, peut me rencontrer. Il pourra s'assurer de mon "arme de lumière"... ou pas. Chaque blogueur utilisant un nom de plume doit un jour répondre à cette question. J'espère que ma réponse ne vous aura pas déçus.
Note
[1] et encore, celui-là aussi peut être tracé et inculpé, si besoin était...