Oecuménisme au quotidien

Vivre avec deux cultures, les conjuguer au jour le jour, parfois jongler avec... C'est partager, s'enthousiasmer, questionner, souffrir aussi parfois.

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jeudi 06 août 2009

La joie du baptême

La préparation fut houleuse, en particulier la préparation liturgique... Nous avons dû nous y reprendre à deux fois, la première fois ayant résulté en un quiproquo auprès de la paroisse catholique : nous ne rentrions pas dans la procédure habituelle, quelle idée ! De plus, les contraintes des différents membres de la famille nous donnaient une "fenêtre de tir" calendaire plutôt restreinte... Alors, cette fois-ci, j'ai pris les devants. Dès le mois de janvier, j'ai lancé mes hameçons, rencontré les prêtres, bien compris que si certains avaient l'âge et la culture "Vatican II", d'autres ne l'avaient pas !

Après les discussions passionnées, voire douloureuses, sur les divers points liturgiques, le refus d'accueil eucharistique avec le sentiment d'avoir joué la balle de ping-pong entre les différents intervenants du clergé, ce fut un véritable soulagement lorsque nous avons pu organiser la rencontre avec les célébrants du baptême : le prêtre, et la vice-présidente du conseil presbytéral, représentant la pasteur, qui serait absente à la date de la cérémonie.

Superstition ? Souci de faire les choses "dans l'ordre" ? J'ai attendu le dernier moment pour parfaire les détails pratiques du baptême... Pas de faire-part : quand j'ai eu le temps nécessaire pour les préparer, le délai pour les envoyer était un peu court... Et tout le reste a été fait à l'avenant aussi... Il faut dire que revenant directement du Grand Kiff et enchaînant avec la semaine de boulot / préparation du baptême, c'était difficile de faire autrement.

Mais il devait y avoir un ange gardien pour Nathalie, ou qui veillait spécialement sur cette fête, car je n'ai rencontré aucun obstacle ! Robe blanche arrivée pile dans les temps, traiteur qui ne part pas en vacances, mon frère appelé à la rescousse pour donner un coup de main qui trouve un billet de train dans le chassé-croisé du plus grand déplacement de départ en vacances... Et jusqu'aux intervenantes du baptême, à qui j'ai demandé une participation, qui ne se sont pas donné le mot mais sont finalement arrivées sur le même verset : "qu'ils soient un, comme nous sommes Un" (Jean 17,21) ! Si ça n'est pas un clin-Dieu, ça...

La fête a été belle, Nathalie a été très sage et concentrée pendant la cérémonie, puis joyeuse et très heureuse de tous les cadeaux dont toute la famille l'a couverte ! Merci pour cette fête, pour cet accueil, pour la joie et la paix de cette journée. Une très bonne entrée en matière pour des vacances en famille, une pause profitable à tous les trois...

lundi 06 juillet 2009

Discernement ?

"Nul n'est prophète en son pays" et "Où en es-tu ? Où vas-tu ?". Voici le résumé des deux prédications que j'ai entendues hier.

A l'église d'abord : l'évangile (Marc 6, 1-6) évoque le voyage de Jésus dans sa région natale, et les moqueries qui s'ensuivent. Le prêtre commence son homélie en nous rappelant que nous sommes tous prophètes. Et même me dis-je, "prêtres, prophètes et rois", selon l'onction reçue au baptême... Nous sommes tous prophètes, tous appelés à évangéliser, à agir en chrétiens mais aussi à parler de Dieu, annoncer qu'il nous a donné son Fils unique pour nous sauver ! Mais, comme Jésus, nous pouvons avoir des difficultés à le faire dans les milieux où nous nous trouvons : famille, travail... Parfois il est bien plus facile d'évangéliser des inconnus que ses proches... Lorsqu'on porte une certaine étiquette, il est difficile d'aborder certains sujets, ou au contraire, les personnes connaissant notre opinion sur ces sujets décident délibérément de ne pas nous écouter...

Non, dit le prêtre. Ca n'est pas une excuse, nous n'avons aucune excuse pour ne pas évangéliser. Dieu nous donne d'évangéliser selon nos capacités, selon nos talents. Je pense au billet d'Edmond "C'est pas ma faute !" : Jonas a fui Dieu, Jacob était un menteur, Jérémie était profondément dépressif, Jean Baptiste était pauvre, Lazare était... mort, Pierre a perdu son sang-froid... Prenons nous aussi notre bâton de pèlerin pour entrer dans la "marche des incompétents" ! Nous aussi, tels que nous sommes, à notre place, nous pouvons, nous devons être prophètes.

Au temple ensuite : une partie du message d'adieu de Jésus à ses disciples (Jean 16, 5-15). La pasteur cite les propos de Jésus : "demandez-moi où je vais", puis elle fait référence à la Genèse, où l'Esprit de Dieu demande à l'homme "Où es-tu ?", et nous dit que c'est finalement ce que Dieu nous demande, lorsqu'il nous appelle : "Où en es-tu ? Où vas-tu ?". Réfléchir sur sa relation à Dieu, aux autres, sur sa foi...

C'était aussi le culte de reconnaissance du conseil presbytéral : ces deux questions, "où es-tu ?", "où vas-tu ?" permettent à chacun de se positionner dans la paroisse, selon son ministère, du plus grand au plus petit, du ministère pastoral à l'accueil au culte, de la musique à la participation à un groupe de prière... Le conseil presbytéral entoure tout ce monde, tous ces ministères, les fait fonctionner ensemble, sous le souffle de l'Esprit. Ca n'est pas qu'une instance juridique, puisque nous nous plaçons sous le regard de Dieu : c'est une oeuvre différente, un appel, un cheminement particulier, dans l'Eglise et au coeur du monde.

Dans le même temps, ces prédications me parlent plus intensément. Des questions germent en moi, des signes m'arrivent mais je ne me sens pas capable de les interpréter d'une quelconque façon. Oui, cela me parle de devoir être prophète... y compris dans ma propre famille, même si c'est plus difficile qu'ailleurs. Parce que les paroles blessantes font toujours plus mal quand elles viennent d'êtres aimés... Parce qu'ils ne comprendront peut-être pas ma démarche.

Et ces deux questions : "où es-tu ? Où vas-tu ?"... Elles m'interpellent, m'appellent à me poser, à réfléchir, à prier. Se reposer quelque temps, sur le bord du chemin, avant de reprendre la route et de choisir l'embranchement qui me conviendra. Chez les séminaristes, la première année n'est pas une année de théologie, mais de discernement. Discernement ? Qu'est ce que cela veut dire ? Vivre une expérience, qui permet d'acquérir des certitudes, d'entendre un appel ? Réfléchir, prier, attendre un signe ?

La seule certitude que j'ai en ce moment, c'est que Dieu (au sens trinitaire) a pris place dans ma vie : je lui ai laissé le bout du petit doigt, et comme j'avais décidé de me laisser faire, il a pris une part de plus en plus grande en moi...

samedi 23 mai 2009

Fragile équilibre

Depuis plusieurs mois, j'ai pris l'habitude de participer, autant que faire se peut, à la messe puis au culte le dimanche. Il faut dire que tout s'y prête : les horaires (messe à 9h30 et culte à 10h30), la proximité des lieux de culte près de chez moi (l'église et le temple sont dans la même rue), et mon désir de m'impliquer dans les deux communautés.

Et je dois dire que si, pour quelque raison que ce soit, je ne peux assister à l'une des célébrations, je ressens un vide. Si je ne peux aller à la messe, la présence eucharistique me manque. Si je ne peux participer au culte, la prédication, les chants, la prière spontanée me manquent.

Comment expliquer cela à la plupart des croyants, qui ne sont pas en situation multiconfessionnelle ? Cela n'est qu'un ressenti. Ce serait comme parler couramment deux langues (l'anglais et le français par exemple), et ne pas pouvoir retrouver à un moment donné, d'autres personnes parlant l'un des langages. Une langue n'est pas qu'une façon de parler, de la même façon qu'une célébration n'est pas qu'un rite : c'est un environnement, une culture, un partage, des sous-entendus, une expression différente de la foi...

Une double culture est une richesse, un trésor à cultiver. Parfois, cela peut aussi être source de tension et de regrets. J'apprécie beaucoup les célébrations, les prières de chaque confession ; mais aussi l'esprit, l'ambiance, la connivence, tout ce qui se décrit difficilement et qui fait qu'on se sent chez soi dans une communauté...

Dans d'autres foyers mixtes, d'autres couples et parents trouvent d'autres méthodes : aller une semaine d'un côté, une semaine de l'autre ; ou bien un parent d'un côté, l'autre de l'autre, avec éventuellement les enfants selon la célébration pour laquelle chacun a le plus d'affinité.

dimanche 19 avril 2009

Joyeuses Pâques ! Et Divine Miséricorde...

J'en connais qui, en lisant le titre de ce billet, vont crier au scandale : "Mais n'importe quoi, Pâques c'était la semaine dernière..." Eh non ! Pas pour tout le monde... Chez les orthodoxes, et les chrétiens dits "de rite oriental" (1), Pâques était fêté aujourd'hui. Ainsi donc, tous les chrétiens sont aujourd'hui entrés dans le temps de Pâques, temps de fête de l'Eglise par excellence ! Soyons dans la joie du Seigneur !

Par ailleurs, aujourd'hui, c'est le dimanche de la Divine Miséricorde chez les catholiques. Je l'ai découvert très récemment... Il s'agit d'une fête instituée par Jean-Paul II en 2000, lors du temps de Pâques, à l'occasion de la canonisation de Soeur Faustine (2). J'apprécie beaucoup le fait de rappeler que Dieu est infiniment miséricordieux... Evidemment, cela ne fait pas des chrétiens de meilleurs hommes que les autres ; cela ne doit pas non plus nous autoriser à pécher volontairement, sous prétexte que "de toutes façons nous serons pardonnés" ! Mais cela représente un tel espoir dans notre vie de tous les jours ! Nous n'avons plus à nous soucier de nos mauvaises actions passées, nous n'avons pas à craindre de punition ou de quelconque châtiment, puisque Dieu est tellement bon qu'Il nous suffira de nous repentir sincèrement, et nous placer sous son autorité, pour être pardonnés...

Si je puis me permettre, en célébrant cette Divine Miséricorde, je trouve que les catholiques se rapprochent du "Sola Gratia" protestant... Un pas de plus vers l'oecuménisme ?

(1) J'ai entendu cette dénomination mais je ne sais pas réellement ce que cela signifie, si certains veulent éclairer ma lanterne et m'éviter des recherches, je leur vaudrai une reconnaissance sans bornes !

(2) Religieuse polonaise de la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde, béatifiée en 1993 puis dernière sainte canonisée au XXe siècle

vendredi 03 avril 2009

Digestion

Après à peine un mois d'existence, je constate que j'ai du mal à tenir un rythme régulier sur ce blog... Non que ma volonté de témoigner se soit émoussée, non que je n'aie rien à dire, mais mon emploi du temps est en ce moment chargé, tant au niveau familial et personnel que professionnel... De plus, d'autres tribunes me sont offertes sur le web, me permettant de prendre la parole sur les sujets qui me tiennent à coeur.

Je reviens sur le week end passé, qui fut pour moi très riche en enseignements, témoignages, rencontres extraordinaires. J'avais parlé, souvenez-vous, de mon enthousiasme à l'idée de rencontrer un couple unique au monde : un rabbin marié à une pasteur... Mes espoirs ont été comblés au delà de toute attente !

L'accueil de ce couple, dont l'invitation fut à l'initiative d'un prêtre de la paroisse catholique, s'est fait dans les deux communautés catholique et protestante. Leur visite a constitué une occasion de partage exceptionnel sur trois jours, me causant une grande joie !

Vendredi soir, comme précisé dans mon précédent billet, j'ai eu l'honneur de dîner avec tous ces théologiens de haut vol... Les discussions furent animées, ouvertes, fraternelles, un vrai régal ! J'ai pleinement pris conscience de ma chance d'avoir une double culture, me permettant de comprendre les uns et les autres, et tout en les laissant débattre, me rendre compte qu'ils exprimaient parfois la même chose avec une vision différente... Nous avons entendu l'histoire de ce couple unique au monde, histoire d'amour, de foi, de doutes et de progression à deux... J'ai aussi découvert la saveur et la subtilité des blagues juives !

Samedi soir, c'était au tour des jeunes confirmants, catholiques et protestants, d'écouter témoigner nos invités et de partager un repas avec eux. Le rabbin a expliqué le parcours des jeunes juifs, mis en parallèle de celui des chrétiens... Que d'amour, de découverte, de joie dans ces rencontres...

Je n'ai malheureusement pas pu assister à la journée du dimanche, qui débutait par un culte spécial au Temple : notre pasteur accueillait le rabbin, la pasteur, le prêtre avec une prédication du rabbin sur la manne du désert (Exode 16). Ou comment prêcher la distinction entre le besoin et les envies et que le temps de crise actuel se transforme en temps d'espérance... La journée continuait à la paroisse catholique, où les paroissiens (adultes) accueillaient nos invités pour un repas, avant une conférence sur le judaïsme ouverte à tous... J'ai juste eu le temps de saluer nos invités avant qu'ils ne repartent prendre le train qui les ramenait chez eux...

Ce fut un week end porteur de beaucoup d'espérance, d'ouverture, de dialogue, autant entre personnes qu'entre communautés... Merci !

mercredi 25 mars 2009

Péché de gourmandise ?

Un soir de cette semaine, on m'invite à un dîner un peu spécial : les communautés catholique et réformée reçoivent un "couple mixte", composé d'un rabbin (juif, d'un courant libéral) et d'une pasteure (réformée). Le dîner constituera une introduction à un week-end résolument oecuménique : des rencontres entre les communautés catholique et protestante sont prévues à tous les niveaux par le biais de la discussion avec ce couple aux caractéristiques peu courantes ! Ainsi, les confirmants se retrouveront samedi soir pour réfléchir au sens de leur engagement prochain ; quant aux adultes, ils ont rendez-vous dimanche après-midi pour discuter de cette situation particulière...

Lors de ce dîner, j'aurai la chance de rencontrer trois pasteurs, deux prêtres, un rabbin... Une vraie gourmandise pour moi, qui ai tellement soif de théologie et de conciliation ! Oserais-je dire que cela me fait penser à l'épisode biblique de Jésus au Temple à 12 ans (Luc 2, 41-47) ? Non que je me prenne pour Jésus, simplement que je me considère comme un enfant dans ma foi et mes connaissances théologiques, dogmatiques, canoniques, et que je vais me retrouver au coeur d'un aréopage de savants...

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