Oecuménisme au quotidien

Vivre avec deux cultures, les conjuguer au jour le jour, parfois jongler avec... C'est partager, s'enthousiasmer, questionner, souffrir aussi parfois.

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dimanche 26 septembre 2010

Le chemin est semé d'embûches

Il a une gueule d'ange, un sourire malicieux, des yeux qui transpercent autant qu'ils brillent, et des mains d'icône, aux longs doigts très fins... Son physique tranche étrangement avec la sévérité de sa mise, toujours du noir le plus profond, excepté le petit carré blanc du col romain, qui le fait identifier immédiatement comme un prêtre. Il m'effraie, un peu, et sa rigueur ne s'atténue que faiblement lorsqu'il revêt l'aube, pour se draper de son amour envers le Seigneur.

Lorsque, vendredi, je viens quérir auprès de lui le sacrement de Réconciliation, il me demande mon parcours, si j'ai reçu le baptême. Il a bien remarqué que si je suis au premier rang lors de la messe, je ne communie jamais. Je lui explique mon mélange, mon enfance passée dans une éducation multiple, l'obligation de choisir une confession, mon refus devant ce choix, et ma résignation. Inflexible, il me refuse l'accès au sacrement.

Détresse : qu'ai-je fait de mal ?
Colère : il n'a rien compris au sens du message de Jésus, qui accueillait les pécheurs !
Tristesse : le chemin de l'unité est fort long, et semé de tellement d'embûches...

S'ensuit une très longue nuit, une très longue journée, ressassées, remplies de prières, une surtout : ne pas céder à la colère, si facile. Beaucoup de doutes : suis-je donc un monstre, pour que l'on n'accepte pas ce que je représente ? Suis-je un élément si dangereux pour la bonne marche de l'Eglise, qu'il faille me réduire à néant, me ranger dans les ennemis, me refuser la moindre parcelle de la vie en Eglise ? Suis-je vraiment si hérétique que cela, d'oser imaginer une Eglise universelle, une qui respecte la prière sacerdotale de Jésus : "qu'ils soient un comme nous sommes un[1]" ? J'ai mal, très mal...


***

Lui a les cheveux blancs, des manières un peu bourrues, un bon sens paysan et est vêtu comme n'importe quel grand-père heureux. Seuls signes particuliers, son sourire pour chacun, et ses yeux pétillants au fond desquels on pourrait sans doute se représenter la joie pure du Christ ressuscité.

Ce matin, lors de la messe, il a cité :

Dieu m'a créé pour une tâche précise à son service ; il m'a confié un travail que moi seul peux accomplir et nul autre. J'ai une mission ; je peux ne pas la connaître tout au long de cette vie, mais elle me sera révélée dans l'autre. Je suis un maillon d'une chaîne, un lien entre des êtres. Il ne m'a pas créé pour rien.
John Henry Newman[2]
Méditations on Christian Doctrine

L'eucharistie a pansé en partie ma blessure. Mais plus que le sacrement, ces mots ont été pour moi signe d'espoir. S'il m'a confié un travail, que nul autre ne peut accomplir, je le ferai.

J'ai mal. Je ne comprends pas toujours ce que Dieu attend de moi. Mais j'essaierai de répondre à Son appel.

Notes

[1] Jean 17, 21

[2] JH Newman est un théologien anglican converti au catholicisme au XIXe siècle et devenu cardinal, béatifié par Benoît XVI lors de son récent voyage au Royaume-Uni. (NDLR : le fait que ce personnage, juste béatifié, soit lui aussi un "mélange" n'est pas pour me déplaire...)

mardi 21 septembre 2010

Qui a besoin de nous ?

Ca commence avec une découverte. Une découverte de l'autre, de sa richesse, de sa différence. Une (re)découverte de sa foi, de ses doutes, de sa soif de vie spirituelle féconde plutôt qu'une croyance stérile.

Et un jour, on veut se marier. Comme chacun tient à sa confession, on cherche comment concilier l'amour que l'on éprouve l'un pour l'autre, avec l'attachement que l'on voue à son Eglise. On s'aperçoit qu'on dérange, ici davantage que là, selon le vécu de la personne à qui l'on s'adresse...

L'amour qui nous paraissait si simple et capable d'abattre toutes les barrières se trouve soudain au pied du mur, face aux institutions et l'absurde de lois humaines. On ne comprend pas, on se fâche, on se révolte... Puis finalement on choisit, on renonce, on prépare. L'amour seul semble pouvoir panser les blessures, les incompréhensions.

Une petite graine, plantée dans un terreau hybride maladroitement mélangé, plus ou moins judicieusement arrosée, finit par germer. Une petite pousse, puis deux, sortent à la lumière. Elles ont la chance d'être bien exposées, ces petites plantes, elles reçoivent la lumière par deux grandes baies vitrées, dans la maison, alors que d'autres doivent se satisfaire d'un petit soupirail...

Etre jardinier avec d'aussi fragiles pousses n'est pas évident. On aimerait les protéger, les mettre à l'abri de toute atteinte, tout en s'assurant que quelqu'un veillera toujours sur elles, même si l'on vient à défaillir. On voudrait leur garder une jolie place au soleil, qu'elles puissent garder leur belle exposition...

Le baptême d'enfants nés de couples mixtes est aujourd'hui plus facile, mais on sent bien que l'on dérange, encore une fois. Tentés d'abandonner, on garde quand même espoir, accepte des concessions, encore, tout en ayant l'impression de devoir abandonner une partie de soi à la porte. C'est un peu comme si les gonds étaient grippés par le temps, on ne peut pas ouvrir beaucoup et on doit se faufiler...

Quant à partager le coeur de notre foi, ce que nous célébrons tous mais manifestement de façon inacceptable les uns pour les autres, il en est pour le moment hors de question. Jésus est allé manger chez Zachée, et à l'époque les autres n'ont pas compris son geste[1]. Aujourd'hui, chez qui irait Jésus ? Qui sont les autres ? Refuseraient-ils à nouveau d'entrer et partager le repas avec lui ?

Comment exprimer la souffrance de sentir le rejet, comme Zachée, quoi qu'on fasse ? Ceux qui ont lu "Le voyage des pères"[2], n'ont-ils pas compris que ce n'était pas aussi simple, qu'on n'était pas bêtement blanc ou noir, avec la révolte d'Alphée ?

Jésus avait besoin de Zachée, le bon berger a besoin de retrouver sa brebis perdue. Aujourd'hui, qui a besoin de nous ? Qui a besoin de brebis, ni blanches dans un troupeau noir, ni noires dans un troupeau blanc, mais grises allant d'un troupeau à un autre ? Le Berger ne voudra-t-il pas regrouper toutes ses brebis dans la même bergerie pour les garder à l'écart des prédateurs ? Le but de chaque brebis est-il de chercher la bergerie, fut-elle vide, ou de trouver son Berger ?

Notes

[1] Luc 19, 2-9

[2] Le Voyage des pères, David Ratte, Paquet, 2009

vendredi 17 septembre 2010

Présence choisie

En centre ville, en pleine vie, l'église accueille ceux qui, la semaine de travail terminée, viennent reprendre leur souffle.

Dans les mains du prêtre, l'hostie se lève, ronde et claire. Les cris joyeux des enfants du square voisin se sont tus. Aucune voiture ne circule dans la rue longeant l'édifice. Le silence prend soudain toute son intensité, empli d'une Présence indescriptible. En plein dans le cœur...

- Ah non, tu ne vas pas remettre ça ?!
- Pardon ?
- Tes imbécillités sur la présence réelle, là... Tu vas nous faire un coup de trémolo ?
- Ce n'est pas de ma faute si j'ai une... certaine sensibilité...
- Sensibilité tu parles ! Tu te mets toi-même à moitié en transe en te faisant un film !
- Je te ferai remarquer que je ne "fais pas un film" à chaque fois. Cela faisait des mois que je n'avais plus ressenti cette présence pendant l'eucharistie...
- Ah ? Tu veux te faire remarquer, alors ?
- Comment ça ?
- Regarde-toi : tu serres les poings, tu trembles... Tu sais pertinemment qu'on va te voir.
- Tu ne me laisse pas profiter de cette présence ! C'est toi qui me crispes !
- Déjà que tu ne communies pas alors que tout le monde le fait...
- Ce n'est pas faute de vouloir, tu le sais aussi bien que moi !
- Mouais... Tu sais bien que d'autres ne prennent pas autant de gants avec le droit canonique, et qu'ils communient même s'ils ne devraient pas.
- Ce n'est pas comme ça que je le vois.

[...]

- N'im-por-te quoi !
- ??
- C'est le grand jeu...
- Comme tous les vendredis, tu sais que l'adoration me fait du bien. Laisse moi L'écouter.
- Mais ça devient grand-guignolesque ! Le bidule doré...
- Un ostensoir.
- Si tu veux. Les bougies, tout le monde à genoux devant cette hostie, à chanter "Jésus"... Tu sais que les réformateurs tiennent cela pour de l'idolâtrie, non ?
- Ce n'en est pas. Je le sais, je le sens. Arrête de vouloir me mettre mal à l'aise...
- Prier Dieu, je veux bien. Mais Imaginer Jésus là-dedans, c'est trop pour moi.
- Tu as une façon de penser tellement rationnelle...
- Et toi, tu suis trop tes sensations ! La foi c'est pas un ressenti, on te l'a déjà dit pourtant !
- La foi n'empêche pas le ressenti, laisse-moi en profiter lorsqu'il se présente !

[...]

- Hum...
- Quoi encore ?
- Le chapelet en plastique rose accroché sur la statue de la Vierge à l'enfant, c'est le top du ressenti ?
- Euh... Je ne sais pas d'où ça vient. Le kitch n'empêche pas la foi, si ?
- T'avoueras que ces gens qui viennent se planter devant Marie pendant la messe, c'est quand même pas très logique !
- Chacun approche Dieu comme il le peut, même si ce n'est pas notre façon de voir les choses...
- Notre ?
- Oui. Si tu te mets autant en colère contre moi, c'est peut-être parce que ça te touche aussi.
- C'est surtout que je pourrais être au temple, à prier avec Henri, Gisèle et les autres !
- Mais je n'ai pas le don d'ubiquité. Pas davantage aujourd'hui qu'hier.
- Et choisir, c'est renoncer.

Dehors, les panaches gris moutonnent dans le ciel flamboyant des lumières du couchant. Le tabernacle refermé, l'église plonge dans l'obscurité. Une légère lueur éclaire doucement le fond du chœur. Et la flamme rouge qui oscille.

lundi 06 septembre 2010

Comme un vieil ami...

C'est comme retrouver un ami que l'on n'a pas vu depuis quelques années... Rien n'a changé, mais tout a changé. Les installations, à moitié solides, à moitié de toile, sont les mêmes, les chants résonnent familièrement. Dans l'église les lumières du chœur créent cette intimité douillette qui réchauffe le cœur[1]... Ca paraît plus petit, moins magique, comme un quelque chose d'indéfinissable.

Cinq ans déjà. Cinq ans que je n'avais pas retrouvé ce lieu, que je n'avais pas prié, à même le sol, au milieu, en communion avec tous ces gens... Cinq ans que je n'avais pas croisé les sourires, langue universelle dans cet espace extraordinairement bariolé, multilingue, et tellement fraternel. Cinq ans déjà que la violence s'est exprimée, de la manière la plus incompréhensible qui soit, et comme une crainte, avant d'arriver, que les choses n'y soient plus tout à fait les mêmes... Les cloches résonnent toujours de cette mélodie caractéristique, trois fois par jour. Tout a changé, mais rien n'a changé.

Tout a changé. J'ai grandi, et aujourd'hui je peux mettre des mots sur des sensations qui m'assaillaient hier. J'ai vu d'autres choses, rencontré d'autres gens, pour finalement me rendre compte que cet endroit, c'est chez moi. Ni catholique, ni orthodoxe, ni protestant, et un peu tout ça à la fois. Comme moi. Ceux qui viennent ici cherchent l'étranger, l'Autre, sortent de chez eux pour s'aventurer à la flamme de l'Amour. Je ne me sentais à ma place nulle part, sauf ici. J'y suis chez moi.

Rien n'a changé. Dieu est là, plus que jamais, et son Esprit souffle sur la colline. "Silence" disent les panneaux à l'entrée de l'église ou près de la source. Écoute... Écoute ton cœur, écoute sa mélodie, et le rythme de la Vie qui bat en toi. Tu entends, maintenant ? Chante, chante encore, laisse-toi pénétrer par ces paroles. Ferme les yeux. Chante encore, écoute la Parole... Tu sens, maintenant, comme il est près de toi ? Tout près de toi, un très bon ami... Toujours là.

Notes

[1] Oui, je sais, c'est un jeu de mot pourri. J'assume.

lundi 02 août 2010

Communion familiale ?

Un déjeuner de famille est, chez moi, parfois l'occasion de débats plus ou moins houleux sur l'oecuménisme... Quatre générations de cohabitation catholico-protestante génèrent autant de heurts que de réconciliations, d'épisodes choquants ou déstabilisants que de bonnes surprises, d'incompréhension que d'explications... Dans les différents couples mixtes, et chez les enfants devenus "mélanges" (ma génération), une hypersensibilité s'est développée, nous sommes des écorchés vifs, réagissons au quart de tour sur toutes les questions épineuses, la plus symptomatique et symbolique étant (l'aurez-vous deviné, lecteurs de ce blogs ?) l'intercommunion. Qu'on l'appelle ainsi, qu'on lui préfère le nom d'accueil eucharistique, accueil à la Cène, la controverse est toujours la même et l'impression d'injustice et d'intolérance toujours dans le même sens...

Chacun y va de son anecdote[1], généralement des refus d'accueil eucharistique, ou de mariage oecuménique. Extraits :

Lors de la préparation à la première communion de sa fille, ma tante (protestante) va demander au prêtre de la paroisse si elle pourra communier, de façon exceptionnelle. Réponse du prêtre : "Ah ? Vous vous sentez donc davantage catholique que protestante ?". Interloquée, ma tante n'a pas poussé plus loin la tentative de dialogue.

Un couple mixte souhaite préparer et célébrer son mariage de manière oecuménique. Lors de la rencontre avec le prêtre, celui-ci leur dit "Il n'existe pas de mariage oecuménique. Soit vous faites un mariage catholique et le pasteur n'a pas son mot à dire, soit vous vous mariez au temple et j'y assisterai en civil[2]." Le couple, choqué par cette réaction, a laissé tomber l'idée d'un mariage oecuménique et s'est marié au temple.

Pour le baptême de Nathalie, le refus d'accueil eucharistique nous a été signifié, après maints rebonds, par le prêtre qui allait présider la cérémonie, en ces termes : "Je ne peux pas désobéir à mon évêque." Si la déception était au rendez-vous, c'était autant celle du refus du dialogue que celle de la réponse négative.

Les exemples pourraient être multipliés. L'Eglise catholique y apparaît toujours comme le "méchant" intolérant qui ferme systématiquement ses portes. En tant que "mélange", je souffre autant de voir les refus de l'Eglise catholique[3] que de la voir stigmatisée. Moi aussi, j'ai les nerfs à fleur de peau. Mais je voudrais tellement que tout le monde soit capable de passer par dessus ces réactions épidermiques ! Mon prof de théologie oecuménique ne s'y est pas trompé : lors de notre entretien pour valider le module, il a évoqué cette volonté de "passer par dessus". Non pas effacer, niveler, mais aller plus loin.

La théologie permet de percevoir différemment les points de divergence ; le cours de théologie oecuménique, en particulier[4], donne des bases pour comprendre chaque partie et construire quelque chose de plus fort que toutes nos oppositions, batailles, rancoeurs... Le chemin est probablement long, les explications nécessaires, les assouplissements difficiles. Mais je veux y croire.

Notes

[1] y compris mon grand-père, qui nous raconte (rien à voir avec la communion, mais c'est tellement... pittoresque, voire anachronique !) qu'une catholique venue un jour assister au culte, demanda ensuite au pasteur de se déchausser... pour voir s'il n'avait pas des pieds de bouc !

[2] NDLR : sous-entendu, "même pas en clergyman", alors qu'il le porte habituellement

[3] même si j'en comprends la logique

[4] proposé justement cette année, hasard ou... ? ;)

lundi 26 juillet 2010

Seigneur, Adonaï, bénis-les...

Olivier est un bon ami. Nous nous sommes rencontrés, étudiants, et nous avons gardé le contact, toute notre bande de copains, même si la vie avance, les bébés font leur apparition, certains s'en vont, renforçant s'il était besoin les liens de ceux qui restent... Alsacien, il a reçu une éducation chrétienne, balloté entre catholicisme et protestantisme. Prudent, il ne s'enthousiasme pas facilement, prépare et organise tout, ne laisse rien au hasard. Il est lucide, minutieux, attentionné, sans illusions. En vacances, un jour, il est tombé amoureux sans s'en rendre compte. Il a hésité, nous a même demandé notre avis, toujours prudent ; et puis il a laissé parler son coeur.

Audrey est une jeune femme enjouée, sensible, avec ce côté enfantin qui a parfois le don d'exaspérer : on aimerait lui faire comprendre que nous ne sommes pas les élèves de sa classe de maternelle... Née dans une famille juive sépharade, elle met peu les pieds à la synagogue mais est attachée aux traditions. Elle aime la joie, les bandes de copains et les réunions de famille... et préparer des tas de desserts avec une profusion de rose(s) et de coeur(s). Elle a cru tomber amoureuse, plusieurs fois, et a fini par craquer "pour de vrai".

Audrey apporte à Olivier la touche de fantaisie qui lui manque, Olivier donne à Audrey la stabilité de quelqu'un qui garde les pieds sur terre. Ces deux-là sont heureux, ça se voit ; même s'ils ont eu du mal à se trouver, ils fonctionnent plutôt bien ensemble. Aujourd'hui, ils s'engagent, pour la vie... et ils m'ont demandé une bénédiction... Préparant leur mariage depuis plus d'un an, ils avaient cherché à avoir une cérémonie religieuse, un peu plus que la simple déclaration à la mairie. Ils désespéraient, et finalement ont trouvé une étudiante en théologie israélienne, qui a accepté de les bénir en hébreu.

Ce fut difficile à écrire... Autant l'oecuménisme je connais, je baigne dedans depuis l'enfance ; autant je fais mes premiers pas dans l'interreligieux. Je marche sur des oeufs, comment affirmer la foi chrétienne sans me mettre en porte-à-faux par rapport à la famille juive ? Finalement ça se fait : choisir un texte sur l'amour, parler de Dieu, garder un discours simple, bénir les futurs époux et leurs familles...

Joie d'Olivier et Audrey, qui m'ont adressé leurs remerciements à plusieurs reprises... Bonheur de les voir ensemble... Leur émotion était palpable, et leur désir d'une prière commune, enfin possible, laisse penser que l'Esprit était bien au rendez-vous !

lundi 19 juillet 2010

Quel Dieu ?

Sensations aigres-douces pour un week-end en campagne angevine... Joie d'un mariage, regret d'un engagement sans accompagnement religieux. Une union pour la vie, comptant sur la seule force morale des mariés, est-ce bien prudent ? Forme de courage de leur part sans doute, de ne pas céder aux générations antérieures et de ne pas faire célébrer une bénédiction qui leur aurait parue illusoire. Mais manque, vide pour l'entourage qui croit que Quelqu'un nous accompagne et ne peut nous laisser seuls, y compris dans ces engagements-là... Fête d'un couple qui s'engage, de deux familles qui apprendront à se connaître, d'une bande de gadz'arts trop heureux de voir leur pote "se caser". Fête en laissant Dieu à la porte ?

Après la fête et quelques heures de sommeil, pousser la porte d'une église de village. S'émerveiller du génie constructeur à la gloire de Dieu. Observer quelques minutes avant la messe, les têtes blanches mais aussi les enfants regroupés devant, attentifs ou joueurs, les musiciens s'accordant sur les derniers détails... Prier pour les jeunes mariés, pour qu'ils soient accompagnés, même s'ils n'en ont pas conscience... Se sentir libre dans cette maison de Dieu, ce choeur spacieux où l'Esprit peut prendre toute la place. Ouvrir son coeur, en admirant l'égard et la douceur du prêtre pour chacun, petit ou grand, concélébrant ou lecteur, habitué ou de passage, fidèle ou futur (petit) baptisé...

Retour à Paris où nous attend un autre mariage, la semaine prochaine... Et surprise ! On me demande d'y faire une bénédiction... Non officielle, elle ne sera pas prise en compte sur les registres, car le fiancé, un copain d'école, d'éducation chrétienne, va s'unir avec une demoiselle juive... C'est un honneur pour moi, une richesse de pouvoir ainsi me trouver au coeur de cette complexité culturelle ! Une responsabilité aussi : affirmer sa foi en Dieu dans le respect de l'autre, parler de l'universalité d'un message sans choquer le peuple élu...

mercredi 14 juillet 2010

Familles, je vous haime

Famille aimée, famille haïe...
Famille qui comprend trop bien... Famille qui ne comprend rien ?

Evolutions, amour, rejet, jalousies, dialogue de sourds, déchéance, faux procès et vrais pardons, quiproquos et guerres rangées... Une famille est un microcosme, une société en miniature où les lois ne sont écrites nulle part, où le prix de chaque chose, de chaque relation, de chaque souvenir se compte davantage en émotions qu'en argent comptant. Enfin, en apparence... La mémoire est l'outil essentiel, le temps est tantôt le meilleur ami, tantôt un ennemi...

Difficultés de familles dissemblables, réunies par un mariage... Cultures et milieux différents, coutumes différentes ; ce qui paraît évident n'est pas exprimé, mais n'est précisément pas si évident pour un interlocuteur étranger aux traditions familiales ! Et quand il s'agit de religion... Confessions différentes, l'histoire familiale rejoint l'Histoire. De génération en génération, les relations entre Eglises, entre fidèles, entre fidèles et leurs Eglises évoluent. Mais parfois les rancoeurs restent. Et les générations "mixtes" comme la mienne doivent lutter contre les préjugés. Comment expliquer à Mamie (catholique) que si l'on a fait une confirmation protestante, on ne croit pas pour autant que son pélerinage à Lourdes ne vaut rien ? Comment dire à Maman (protestante) que si, si, il y a encore aujourd'hui des hommes qui pensent à la prêtrise et que non, ce n'est pas forcément complètement facho, pas plus que le Pape ?

"Qui est ma mère, qui sont mes frères ?" disait Jésus (Marc 3, 33 ; Matthieu 12, 48). Parfois je dirais bien la même chose. En ce moment, la question à la mode, c'est "fais-tu des études de théologie pour être pasteur?". Comment répondre ? Je crois que j'aimerais bien, oui. Mais comment avoir l'assurance d'un appel ? Comment dire que cette question n'a pas de réponse, en tout cas pas de réponse précise pour l'instant ? Et puis, cela suscite de tels émois... Je comprends la solitude et l'hésitation de jeunes hommes qui souhaitent s'engager dans la prêtrise mais craignent la réaction de leur entourage... Amis, priez pour les vocations : pour que les familles aient le courage d'accepter les vocations parmi elles...

samedi 05 juin 2010

Comment vivre l'oecuménisme ?

Quand on parle d'oecuménisme, il y a plusieurs aspects (et autant de définitions que de personnes qui en parlent, mais c'est une autre histoire). La théologie d'abord, qui considère les tenants et les aboutissants de la situation actuelle, qui analyse les défis, les enjeux de notre temps, les progrès déjà faits, pour essayer d'aller de l'avant, de faire un pas de plus sur un chemin vers l'unité. C'est ce qui s'enseigne en fac de théo, mais qui est sans doute aussi ardu à enseigner qu'à apprendre...

Et puis il y a la pratique. La "vraie vie"... Hier soir, dans ma paroisse, se rassemblait un groupe oecuménique, au sein duquel se trouvaient des catholiques, des anglicans, des réformés. Un chant pour se mettre en condition (physique et spirituelle), la lecture d'un texte de la Bible (en l'occurrence le psaume 42), une discussion (souvent animée, parfois contradictoire mais toujours intéressante), puis un moment de partage autour d'un repas. J'apprécie beaucoup ce groupe et l'esprit qui y règne. C'est ouvert, chaleureux, on s'y sent un peu comme chez soi, d'où qu'on vienne, car les sourires et l'écoute sont présents en permanence. La parole y est libre, loin d'une morale qui pourrait paraître surannée ou des contraintes du quotidien, très loin des querelles de chapelle et encore plus loin des points d'achoppement théologiques.

Mais... il y a un "mais". Ce groupe existe depuis plus de trente ans. Les mêmes habitués s'y retrouvent et se sont vus vieillir ensemble. La technique de partage autour d'un texte biblique a été éprouvée et approuvée. C'est sans doute ce qui en fait l'esprit "famille". Le seul bémol, c'est que les membres ont aujourd'hui pour la plupart plus de soixante ans. Ils ont vu, vécu Vatican II en direct, profité du vent d'oecuménisme et de fraternité qui a soufflé à ce moment. Ils se sont rendus compte que partager la Bible, discuter autour de ces textes fondateurs, c'était fonder les bases pour commencer un chemin côte à côte. Mais ce groupe est resté figé dans cette réalité. Aujourd'hui, il existe une autre situation : la mienne et celle de milliers d'autres couples mixtes ou d'enfants "mélanges". Les questions ne sont plus vraiment celle de partager un texte fondateur ; c'est désormais acquis. Les questions aujourd'hui dans les familles mixtes sont celles du mariage, du baptême, de l'éducation des enfants, et d'un accueil à la même communion, qu'on l'appelle eucharistie, sainte cène ou qu'on imagine un sacrement nouveau...

Les Eglises ne sont pas très "chaudes" pour répondre à ce genre de questionnement. Dixit le curé de ma paroisse : "on veut bien participer, pas proposer". Partager sur la Bible ensemble, c'est très bien. Pour le reste, à chacun de galérer, trouver ses réponses tout seul en fonction des discours des uns et des autres (pas forcément les mêmes d'un pasteur à l'autre, d'un prêtre à l'autre, d'un évêque à l'autre...). Oui, j'aime l'esprit de grande famille de ce groupe d'anciens très chaleureux. Mais parfois, j'aimerais bien qu'on débatte un peu sur d'autres questions, dont je sais qu'elles se posent aussi à d'autres familles de nos paroisses...

mercredi 26 mai 2010

L'Esprit Saint, commis d'office !

J'aime la fête de Pentecôte... Sans doute autant que celle de Pâques. D'une autre manière, en tout cas, plus profonde peut-être.

L'évangile selon Jean nous donne l'Esprit comme guide. Il y est appelé le défenseur... Un avocat idéal ! Et qui nous est donné gratuitement... Il suffit de croire en la grâce de Dieu, nous dit la Bible ! C'est pas beau ça ?

Et puis, Pentecôte, c'est l'accueil des confirmands au temple... L'entrée d'ados dans le monde des adultes, leur participation en tant que membres à part entière à la Sainte Cène. C'est toujours une grande joie de voir ces enfants persévérer et parvenir à passer cette étape !

La joie de l'Esprit est grande... et le mieux, c'est qu'elle nous accompagne partout ! :)

lundi 17 mai 2010

Unité... et solidarité

In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas.
(Dans les choses nécessaires, unité ; dans le doute, liberté ; en tout, charité.)

C'est sur cette maxime, attribuée à divers auteurs (Saint Augustin, Vincent de Lérins, Peter Meiderlin, Richard Baxter...), que le prêtre a construit hier matin son homélie. Un discours sur l'unité que, je dois bien l'avouer, j'ai trouvé sujet à questions et interprétations. Si je suppose que je me trouvais en public catholique, le prêtre parlait probablement de l'unité de l'Eglise catholique... mais ses propos pouvaient laisser à penser qu'il parlait de l'ensemble des chrétiens ! Et dans toute son homélie, jamais il n'a clairement dit s'il parlait d'unité catholique ou d'unité chrétienne... Un peu comme si dans son esprit, c'était la même chose...

Ce qui m'amène à poser deux questions :

  • Malgré toute la bonne volonté que l'on peut mettre par ailleurs (pour prier ensemble, œuvrer ensemble dans la solidarité ou la lutte contre la torture par exemple), comment faire l'unité si chacun considère que les autres sont inférieurs à lui et doivent adhérer à son parti ? L'unité, pour les catholiques, signifie-t-elle ramener tous les chrétiens dans le giron de Rome ? Pour les orthodoxes, faire adhérer toute la chrétienté au rite oriental ? Dès lors, comment répondre au vœu de Jésus exprimé en Jean 17, 21, "qu'ils soient un comme nous sommes un" ?
  • Qu'est ce qui prévaut pour distinguer le nécessaire du reste ? Le prêtre parlait hier du nécessaire en citant le credo. Je l'ai apprécié, car c'est effectivement un élément commun à tous les chrétiens (si ce n'est que le terme "catholique" du symbole des Apôtres ou de Nicée-Constantinople est à prendre dans son sens grec !). Le credo est la base de notre foi que nous partageons tous. Mais ensuite, comment décider de ce qui est nécessaire ou non ? Les sacrements ? Le culte des saints ? Le(s) ministère(s) ? La façon de commémorer la Sainte Cène ? La liturgie ? Qui doit décider, sur quels critères ?

Puis, au temple, le culte avait pour thème l'entraide. Entre paroissiens, envers les autres, chrétiens ou non. Chercher l'aide de l'Esprit Saint pour mieux se mettre au service : des autres, de son prochain, du plus petit. S'il y a quelque chose qu'on sait faire en commun, nous les chrétiens, c'est bien cela : aider son prochain, se mettre au service des autres, parfois au détriment de son propre équilibre.

Alors, l'unité, si on la commençait par là ? Échanger un sourire, apprendre à se connaître, aller à la rencontre de l'autre, partager sa détresse et peut-être s'aider mutuellement à se relever...

dimanche 04 avril 2010

Il est ressuscité !

Il est vraiment ressuscité... C'est la meilleure nouvelle de ce début d'année, non ?

Heureuses Pâques à tous !

dimanche 28 mars 2010

Du rire aux larmes ?

L'an dernier, j'avais déjà fait un billet concernant le dimanche des Rameaux. Cette année, j'ai beau connaître les différences de célébration, je ne réussis pas à participer pleinement. Il y a trop de différence : joie de la montée triomphale de Jésus à Jérusalem, souffrance extrême de la Passion...

Tout cela éveille en moi des réflexions aussi diverses que contradictoires. Mais au cours de l'année écoulée, ma recherche personnelle, les contacts que ce blog m'ont permis d'établir, mes premiers pas en théologie, m'ont donné à discerner. Voir plus loin que les événements ponctuels. Chercher plus profond que dans la (pas toujours) simple actualité. Apprécier les contextes des célébrations, autant que de l'écriture des textes. Apprendre les subtilités historiques qui mettent les susceptibilités à fleur de peau. Fouiller les symboles chers à chacun, voir au-delà de ce qui peut paraître une superstition.

La différence de célébration du dimanche des Rameaux est le point le plus divergent de deux chemins qui se croisent, s'éloignent pour mieux se retrouver, de Noël à Pâques, puis à Pentecôte. Des sentiers qui se sont créés au fil du temps, des traditions, des antagonismes ou des rapprochements.

De tout coeur, j'espère que de multiples petits "raccourcis" relieront ces routes... Le premier pas n'est-il pas de profiter des occasions de se retrouver ? Rendez-vous dimanche prochain, à l'aube !

mercredi 17 février 2010

Violette...

C'est le retour de la chasuble violette. Le Carême est commencé. Réflexion, méditation, jeûne sous une forme ou l'autre... Pendant quarante jours, chacun aura sa façon de se préparer à Pâques, de changer son coeur, son esprit, sa façon de faire.

L'évangile des Cendres dit "toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret" (Matthieu 6, 6). Je ne sais plus sur quel blog de pasteur j'ai lu un jour "c'est la voie de la facilité, pour un protestant, il le fait naturellement !". De même, les protestants ne suivent pas le Carême comme le font les catholiques. Pas de cérémonie particulière pour l'entrée en Carême ; pas de jeûne ; pas d'abstinence par rapport aux autres périodes de l'année.

"Mais alors, quelle préparation faites-vous à Pâques ?" ai-je entendu. Il y a le jeudi et le vendredi saint. Le vendredi saint en particulier est l'occasion d'une veillée de prière, davantage que la veillée pascale qui est plus ancrée chez les catholiques (et qui constitue un moment privilégié pour les baptêmes d'adultes). Quant à la "mise en condition", la méditation, la prière, l'humilité, c'est au quotidien que l'on est amenés à les faire, comme chaque chrétien. Chaque culte est propice à nous faire réfléchir sur nous-mêmes, davantage centré sur la Parole et l'exégèse que sur la Sainte Cène (qui n'est généralement pas célébrée tous les dimanches, d'ailleurs).

C'est un peu comme deux ambiances différentes... Ce serait sûrement intéressant d'échanger sur cette préparation à la fête qui constitue ce que nous sommes : des fidèles croyant à la résurrection du Christ ! Comment chacun se prépare-t-il à accueillir le Christ, la résurrection ; à vivre, revivre les instants les plus significatifs de la vie de Jésus, devenus l'essence sacramentelle de nos confessions ? Est-ce que cette préparation à Pâques ne nous permet pas de nous révéler à nous-même notre propre foi ?

mardi 26 janvier 2010

Prier pour l'Unité ?

Hier se terminait la semaine de prière pour l'Unité des Chrétiens. Rendez-vous devenu annuel, mis en place progressivement depuis 1908, et avec de plus en plus de réflexions menées autour de textes communs, cette semaine est devenue un moment particulièrement propice à l'organisation de célébrations rapprochant les différentes confessions chrétiennes.

Cette semaine me laisse un sentiment un peu mitigé.

Dans chaque communauté, chaque paroisse, on en parle, chacun essaie de rencontrer les autres... Bien sûr, des célébrations spécifiques sont organisées, pendant la semaine, de part et d'autre, des rencontres, des débats, des conférences ! J'ai aussi la joie de voir que les foyers "mixtes", inter-confessionnels, peuvent à cette occasion témoigner de leur vie, de leur expérience, de la richesse que peut créer l'apprivoisement mutuel de deux personnes d'univers différents. Certains réalisent la foi des autres, ouvrent les yeux sur une manière de prier qui ne leur est pas familière...

Mais... tout cela reste anecdotique à mon sens. Ce sont des célébrations faites "au plus arrangeant", des manifestations qui ne heurtent personne, une séance de prière ensemble, un débat... Tout ça en semaine, avec un public d'initiés, de gens déjà acquis à la cause, ou un minimum sensibilisés à l'oecuménisme. Pourquoi ne pas intégrer notre prière commune dans nos "sentiers battus" liturgiques ? Pourquoi passer sous silence, à la messe ou au culte du dimanche, ce désir d'unité ? Si nous le voulions vraiment, ce pourrait être possible ! Cela obligerait à vraiment nous concentrer sur le fond de notre foi, pas sur les apparences. Cela nous permettrait également de montrer au plus grand nombre l'accueil de nos frères d'autres confessions !

Je rêve d'un dimanche... où il y aurait une seule célébration, plutôt qu'une messe et un culte aux deux bouts de la rue. Une belle fête de l'unité. A la même heure. Tous ensemble. Pour chambouler un peu nos petites habitudes trop bien ancrées, chacun dans son lieu de culte familier. Pour montrer que nous pouvons faire autre chose que nous chamailler sur les points dogmatiques concernant la virginité de Marie, par exemple... Et si cette fête, c'était Pâques 2010 ?

mercredi 20 janvier 2010

Tigreek sur Radio Notre Dame...

Pendant cette semaine de l'unité des chrétiens, je préparais un billet, car j'espère que les diverses initiatives, plus ou moins maladroites, qui s'organisent entre les paroisses lors de ce rendez-vous annuel, permettront un jour de véritablement avoir besoin les uns des autres ! Et voici que la surprise tombe dans ma boîte mail... Rien moins qu'une proposition de témoignage sur Radio Notre Dame !

Ca se passe demain matin, dans Le Bistrot de la Vie. Le thème : "Couples mixtes protestants catholiques : quelles valeurs transmettre aux enfants ?". Je peux doublement témoigner, d'une part en tant qu'enfant de couple mixte, ayant reçu les deux catéchismes ; d'autre part à présent en tant que parent, évoluant en foyer mixte à mon tour, avec ce qui est pour l'instant un projet d'éducation davantage qu'un catéchisme...

Rendez-vous demain matin ! Et si vous ne pouvez pas profiter du direct, vous pourrez réécouter l'émission sur le site dédié ou en la téléchargeant via le podcast.

J'accueillerai ici avec joie, tout commentaire, toute question sur le sujet, et y répondrai dans la mesure de mes possibilités.

NB : pour réécouter l'enregistrement :

samedi 26 décembre 2009

Bonne nouvelle...

Noël... Avent... Achats, décoration, préparation, rangement, changement...

Noël... Offrir... Réflexion, idées, achats (bis), emballage, mise au pied du sapin...

Noël... Se rassembler... Discussion, organisation, achats (ter), disposition de la table, cuisson...

Tout ça a comme un goût d'amertume, chaque année un peu plus... De vide, spirituel comme dans le portefeuille... Même si... Même si chaque dimanche de l'Avent les prédicateurs nous exhortent, tels Jean Baptiste, à "préparer le chemin du Seigneur"... Un goût de solitude... Qu'ai-je fait ? Où sont mes amis, ma famille, ceux que j'aime vraiment ?

J'en viens à me dire... Noël, c'est pour les enfants. Pour l'étincelle qui brille dans leurs yeux quand on installe le sapin, la crèche... Le sourire qui éclaire leur visage quand on allume les bougies, les guirlandes lumineuses... L'excitation quand ils guettent dans les rues les apparitions des pères Noël sur les murs ou les toits...

Oui mais... Il me suffit d'être là pour l'eucharistie... Il me suffit de voir le sourire sur le visage du pasteur qui nous annonce "un enfant vous est né, un Fils vous est donné"... Et instantanément, mon coeur en berne se gonfle de joie. Oui, c'est Noël, et nous avons la chance d'avoir reçu cette Bonne Nouvelle !! Cette joie qui nous est donnée, gratuitement, sans attendre de retour, par les plus petits, elle est là, à portée de main, à portée de coeur !

Bonne Nouvelle... pour tous les peuples ! Et c'est à nous qu'il incombe de la propager...

dimanche 04 octobre 2009

L'art oratoire et celui d'élision

Ils sont forts, ces prédicateurs ! Donnez-leur les textes du jour, mettez-les devant un ambon ou sur une chaire, tentez-les un peu sur un point de dogmatique et de sociologie, et ils vous font un discours passionné à faire frémir la personne la plus endormie de l'assistance... Le tout en éludant allègrement un passage des textes pour mieux insister sur ce qui les intéresse.

Les textes du jour, aussi bien dans l'Eglise catholique que dans l'Eglise réformée, comprenaient l'évangile de Marc 10, 2-16 :

Un jour, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l'épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus dit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d'établir un acte de répudiation. »

Jésus répliqua : « C'est en raison de votre endurcissement qu'il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme. A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ! »

De retour à la maison, les disciples l'interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d'adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d'adultère. »

On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n'accueille pas le royaume de Dieu à la manière d'un enfant n'y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

Aussi bien le prêtre que le pasteur ont passé sous silence le dernier passage, les versets 13 à 16, parlant des enfants. Tous les deux se sont focalisés sur l'histoire de couple, le piège tendu à Jésus par les Pharisiens, et dans lequel il est si facile de tomber à notre tour en cherchant à interpréter et actualiser la scène. Pourtant, à l'époque, quoi de plus insignifiant qu'un enfant ? Ce sont des éléments négligeables et négligés, ils ne sont pas écoutés, doivent se taire, laisser discuter les adultes...

Dans ce texte, davantage qu'une morale sur la vie de couple, Jésus s'intéresse aux plus petits, aux personnages méprisés de son époque : les femmes et les enfants. Les hommes vont à la synagogue, discutent des enseignements religieux, peuvent entrer dans le Temple à Jérusalem... Les disciples de Jésus ? Encore des hommes, qui repoussent les femmes lorsqu'elles veulent approcher, qui vont vérifier leurs dires lorsqu'elles rapportent la nouvelle du tombeau vide... De même, dans ce passage, est dit "on présentait" (verset 13). Qui est ce "on" qui veut approcher de Jésus ? Probablement des mères accompagnant leurs enfants... Elles ne valent pas la peine d'être reçues, les disciples veulent les écarter pour profiter de l'enseignement du Maître, ils sont sérieux, eux ! Ils me font penser au businessman du Petit Prince, qui n'arrête pas de répéter "Je suis sérieux, moi !"...

Alors, oui, mon Père, on peut justifier les positions de son Eglise sur le sacrement du mariage, sans jamais le citer. Faire une homélie en trois points sur le sommet particulièrement haut proposé par Dieu, le long et difficile chemin pour y parvenir, et la nécessité d'avancer en tenant compte de ceux deux paramètres, sans les fausser. Oui, on peut parler de la dernière encyclique du Pape, Caritas in veritate, en suggérant rien moins que la démarche de Dieu lui-même, de la miséricorde apportée pour supporter les exigences qu'Il nous donne. Mais que faites-vous des souffrances qu'endurent chaque jour ceux qui ont fait des erreurs, qui succombent à une situation intenable, et se trouvent de fait mis au ban d'une Eglise qui par ailleurs prône la protection des plus faibles ? Peuvent-ils encore espérer le pardon ?

Oui, cher pasteur, on peut à l'inverse justifier le divorce, en disant que la répudiation du temps de Jésus n'avait rien à voir avec le divorce d'aujourd'hui ; que c'était une histoire d'hommes et que les femmes n'avaient pas leur mot à dire, alors qu'aujourd'hui, trois divorces sur quatre sont demandés par des femmes ; qu'au lieu de tomber dans le piège des Pharisiens, Jésus leur répond en remettant un peu d'égalité entre homme et femme. On peut reprocher à l'Eglise catholique d'avoir fondé sa théologie du sacrement de mariage essentiellement sur ces quelques versets, alors qu'a priori, le mariage au temps de Jésus n'avait rien à voir avec ce qui s'est fait par la suite chez les chrétiens (encore que, en termes de mariages arrangés, de répudiation plus ou moins sévère, les histoires des nobles du Moyen Age et de la Renaissance ne devaient pas avoir beaucoup à envier au monde juif du temps de Jésus). On peut saluer le divorce comme une avancée, un droit à la vie pour les femmes victimes de violences conjugales. Mais alors, quelle valeur donner au mariage ? Quelle crédibilité donner à l'engagement promis, lorsqu'un couple s'unit devant Dieu ?

Et enfin, pour revenir aux quelques versets passés sous silence, quid des enfants ? Doivent-ils être les victimes d'un couple se disputant sans cesse, voire les prenant à partie ? Ou bien déchirés entre deux milieux, deux maisons, deux familles recomposées ? Ne doivent-ils pas être notre priorité ? En tant que plus petits, nous nous devons de les protéger, les aimer, prier pour pouvoir leur partager un peu de cet Amour immense auquel nous croyons... Ecouter aussi leur simplicité, leur naïveté, leur efficacité brutale parfois... Et si c'était eux qui nous donnaient les bonnes réponses ?

lundi 07 septembre 2009

Ca va sonner !

Le 14, les Sacristains sonnent les cloches... Vous en trouverez un avant-goût sur leur site !

C'est quoi ? L'entrée en fanfare (pardon, en cloches) d'un nouveau blog... Cela faisait quelques jours que les principaux fauteurs de troubles avaient "fuité", on a maintenant la confirmation et un peu plus d'explications sur La Croix ou bien sur le groupe Facebook qui leur est dédié.

Je ne peux que me réjouir d'un blog qui se veut représentant de ce qu'on appelle habituellement "la majorité silencieuse", tous ces gens modérés, qui oeuvrent en silence et en prière, loin des débats enfiévrés qui voient s'affronter extrémistes de tous bords. Je ne peux qu'encourager cette initiative qui se réclame de Vatican II et de l'ouverture ! Je ne peux que souhaiter à ces jeunes blogueurs talentueux, spirituels et bardés d'humour un grand succès dans leur nouvelle entreprise, reflétant un autre visage que celui donné par certains médias à la mi-août, du "catho français moyen"...

Ainsi, rendez-vous dans moins d'une semaine. En attendant, faites sonner les cloches !

dimanche 06 septembre 2009

Ouvre-toi !

Effata, "ouvre-toi", c'était les seules paroles de Jésus dans l'évangile d'aujourd'hui, tant à l'église qu'au temple (Marc 7, 31-37). En écho au texte d'Esaïe, "les yeux des aveugles verront clair, les oreilles des sourds entendront" (Esaïe 35, 5-7), Jésus soigne dans ce passage un homme sourd et presque muet. Comme pour se conformer au handicap de cet homme, Jésus pour le soigner prononce très peu de mots, il fait essentiellement des gestes.

Ouvre-toi ! C'est une invitation à ne pas rester sourd au quotidien. Jésus nous invite à ne pas devenir sourd, ne pas céder aux habitudes, ne pas s'endormir dans la routine ; au contraire, retrouvons notre faculté d'écoute, prenons garde à nos gestes empreints d'habitude... Réfléchissons un peu mieux aux raisons que nous avons de faire nos gestes journaliers. Le prêtre disait ce matin "comment s'habituer à entendre 'Ceci est mon corps, livré pour vous' ?"... J'ajouterai que si nous sommes attentifs, nous ne pouvons qu'adorer Dieu et louer son Amour, car notre condition humaine ne nous laisse pas imaginer l'acharnement avec lequel Dieu nous aime, malgré tous nos manquements, nos refus conscients ou non...

Ouvre-toi ! C'est une incitation à ne pas être chrétien tout seul. Chacun a sa façon de vivre sa foi. C'est un sentiment, des croyances, des convictions tellement profondes que pour beaucoup cela reste un tabou de parler de Dieu. Mais un chrétien ne peut pas rester isolé : s'ouvrir à la communauté, c'est aussi s'enrichir, prier pour les autres, avec les autres...

Ouvre-toi ! C'est une exhortation à montrer l'Amour de Dieu qui nous fait vivre, à nos parents, familles, amis, entourages personnel ou professionnel... Faire parler l'Esprit Saint, briser les frontières, les tabous, les barrières. Accueillir l'autre comme mon frère, passer par dessus les considérations sociales, les apparences ! Faire des efforts pour contrer les handicaps, tout ce qui met à l'écart...

En bref, une fois encore, les deux prédications étaient complémentaires... "Ouvre-toi", c'est autant vers l'extérieur que vers l'intérieur, autant pour ouvrir grand la porte de son coeur à l'Esprit de Dieu qui est en nous, que pour faire tomber les masques, ne pas craindre la contagion mais partager l'Amour de Dieu largement autour de nous. Vaste programme ! Voilà qui promet de larges horizons, de belles idées en perspective pour cette rentrée, de quoi se renouveler (merci Edmond !)...

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