mardi 26 juin 2012

Il y a un an

Ce matin[1], j'entendais sur mon habituelle station de radio matutinale, l'annonce des ordinations de futurs prêtres, pour les jours à venir. Et aujourd'hui, surtout, je pensais à un prêtre en particulier.

Il y a un an, il faisait beau et chaud, j'arrivais à Versailles et passais près de vingt minutes à tourner dans les différents parkings souterrains bondés, avant de finir sur le parking du château. En suivant la pointe du clocher dans les rues de la vieille ville, avec deux petites filles surexcitées tant par la chaleur que par l'étrangeté de la sortie que je leur avais proposée, j'ai rallié la cathédrale. Je ne vous cache pas que même si j'avais conscience du caractère particulier du moment, pour cet ami que je tenais à accompagner, je ne me sentais guère en état de percevoir la grâce de l'instant. Une demi-heure de retard, un lieu inconnu, une fille de quatre ans qui ne pense qu'à jouer avec les petits copains sur les escaliers, et une de dix-huit mois qui se tortille entre les jambes des adultes de l'assistance...

Et pourtant, lorsque la cathédrale bondée a entonné la litanie des saints, alors que cinq hommes étaient face contre terre dans la nef, je n'ai pu m'empêcher de frissonner. Et j'ai chanté, prié, avec cette assemblée, pour ce merveilleux cadeau qui nous était donné : cet engagement d'une vie, d'une famille, d'une communauté, au service de Dieu, des autres, du Tout Autre. "Jubilez, criez de joie !", oui, c'est le chant qui a éclaté ensuite, dans l'édifice mais aussi dans ma tête et mon coeur...

Ce matin, je revivais cela, et je revoyais aussi nos partages, URL et IRL[2], sa vie de paroisse, son évolution dans le ministère. Et au moment où Mgr Vingt-Trois parlait des prêtres entourant ceux qui allaient les rejoindre, je me disais "Ca va lui faire drôle, cette année, de prendre sa place dans le presbyterium, un an après !"...

Un an après. En louange et en prière.

Notes

[1] mais aussi à plusieurs reprises ces derniers jours

[2] jeu de mots - pardon, d'acronymes - signifiant "en ligne et dans la vie réelle", pour les non-geeks

jeudi 21 juin 2012

Genève

Des rayonnages. Remplis de livres. Neufs, vieux, réparés, gros ou petits, colorés ou non, dans leurs étagères, autour des tables de travail. Et sur plusieurs étages, chacun correspondant à un domaine : théologie, philosophie, architecture, lettres, ... Sur une porte, une affiche : "le Paradis doit être une bibliothèque géante". Je souris. J'aime cette idée, des livres partout, pour tous... et les murmures qui les entourent. Une bibliothèque, souvent, c'est fait pour travailler... surtout dans une faculté ! Mais c'est fait pour rêver, aussi, voyager en esprit, rencontrer des gens tout en gardant les pieds sur terre...

La fenêtre est ouverte. Dehors, on entend des moineaux pépier, les enfants courir et rire, et puis des notes, piano et flûte, qui viennent du jardin. Le jardin de la faculté, avec au fond son mur monumental, où les quatre Réformateurs toisent les visiteurs de leur stature de géant, m'a toujours fait un effet particulier. En ce moment, pour la fête de la musique, des lumières de couleurs et un podium sont installés. Et un piano est à disposition de qui veut, sous un arbre centenaire. Cette faculté de quatre cent cinquante ans, en pleine ville, respire l'Histoire autant que la culture. De Calvin à l'art contemporain...

****

L'ambiance est particulière pour nous, qui venons à la faculté uniquement pour ces occasions particulières. Durant ces jours d'examen, le stress de l'épreuve, la peur de ne pas savoir répondre se mêlent à la joie de voir ou revoir réellement des camarades aperçus uniquement par webcam pendant un semestre. Nous nous sommes lus mutuellement, nous étudions les mêmes cours... ça rapproche ! Nous avons entre vingt et soixante ans, nous sommes de différentes villes de France et de Suisse, de milieux, métiers, expériences très différents... Durant quelques heures, avoir tout quitté pour plancher sur les mêmes questions crée de singuliers liens. Comme une parenthèse dans une vie de folie, une bulle où chacun peut imaginer une vie... autrement.

****

C'est un moment de paix. Il fait doux[1], la réserve de chocolats est achetée pour les collègues, la famille, les amis. Les examens sont passés, le stress retombe. Le train est là, je monte, trouve ma place. Je réfléchis à ce que je vais prendre pour le voyage. A l'aller, c'est facile, mon cours pour les ultimes révisions. Au retour, j'ai le droit à un peu de détente : cahier pour griffonner[2], pelotes pour crocheter, bouquin à savourer... Ou juste rien, les mains vides, la tête un peu lasse, le coeur en louange.

On démarre. Je me régale du paysage. Après la sortie de la ville, j'admire ces montagnes que j'aime et que j'aimerais explorer de nouveau. Les champs, aussi. Ici, les céréales sont bientôt prêtes à moissonner, le grain est presque doré, alors qu'en région parisienne il est encore vert. Le réseau de téléphone est toujours en Suisse, pour quelques minutes encore les messages et les appels sont limités. Les arbres moutonnent le long des pentes, les routes traversent les vallées sur des ponts d'une hauteur impressionnante. Quelques maisons sont accrochées, dans les pentes. Du vert, partout, de toutes les nuances. Et seulement quelques taches de rouge ou de gris ardoise... C'est juste joli. Reposant.

Notes

[1] Toujours plus doux qu'à Paris. C'est un constat récurrent. La proximité du lac, peut-être ?

[2] Ce billet bien sûr ! What else ? ;)

mardi 12 juin 2012

Aujourd'hui, j'ai...

... savouré[1] les embrassades de mes filles au moment de partir bosser.

... oublié mon bouquin sur les méthodes des historiens, à potasser pour mercredi prochain. Du coup, j'ai médité le Symbole des Apôtres dans le RER.

... cravaché en parallèle sur trois sujets différents. Heureusement que les PC sont multitâches. Et que Dieu nous a doté d'oreilles et de mains ayant la capacité d'être indépendantes.

... compati aux malheurs de ma chef et réfléchi sur la façon de, peut-être, rationaliser un engrenage qui va de plus en plus vite, avec de plus en plus de sable dans les rouages, et de plus en plus de poids à porter.

... présenté des excuses pour mes erreurs. Humilité pas si simple en entreprise, où chacun doit défendre, parfois chèrement, sa place.

... couru pour être à l'heure chez la nounou. Retrouvailles toujours bienvenues... et avant de partir, des bisous pour tout le monde du haut de ses quatre-vingt cinq centimètres.

... partagé une méditation sur le thème "demander et faire confiance". Groupe oecuménique, multiculturel, multilingue : des chemins de foi, de vie, des échanges. Un rappel aussi : prendre du temps. Pour prier. Pour oublier un peu l'activisme. Se poser, prendre le temps qu'il faut dans cette société du "toujours pressé".

... accueilli avec une grande joie trois bonnes nouvelles. Un chemin de foi qui s'ouvre, pour un futur parrain qui a tout à apprendre... et l'envie de le faire. Une réconciliation, attendue, espérée, priée... et arrivée. Et une demande de baptême. Gloire à Dieu !

... changé de génération en même temps que de lieu. D'une réunion bilan à une autre. Joie du mois de juin !

... retrouvé un prêtre et une bande de mamans. Autour d'un bon repas, de Bibles et d'idées pour transmettre ce que nous croyons à notre progéniture. Et à celle des autres aussi, parce qu'on est sympas.

... prié avec Saint François d'Assise, en souhaitant ardemment que l'Esprit nous donne de pouvoir "mettre l'amour où il y a la haine", sans avoir d'arrière-pensée.

... rejoint mes pénates en pédalant sous la pluie, en pensant à ces heures bien remplies et en souriant. Merci mon Dieu ! Et à demain, si tu veux bien.

Note

[1] Une minute de trop, d'ailleurs, juste de quoi rater la navette. Paye ton quart d'heure à pied le long des voies pour rejoindre la gare.

mercredi 30 mai 2012

Souffle sur nos villes

C'est un rendez-vous que je ne voudrais pas rater. Une fois par an, chaque fois dans un lieu différent, ce sont au bas mot quatre communautés différentes qui se retrouvent : baptistes, anglicans, réformés et catholiques de plusieurs paroisses... Sourires, accueil, (re)découverte, clin d'oeil : "Tiens, mais on se connaît, nous !"... Au fil des ans, les liens se créent, doucement mais sûrement.

Il ne s'agit pas d'une messe ou d'un culte. Pas de sacrement, pas de liturgie habituelle, tout est permis... ou presque. La prière est axée sur nos villes et tous ses habitants. Du bébé le plus jeune jusqu'au maire, en passant par les travailleurs, les parents, les retraités, l'Esprit est venu pour tous ! Toutes les communautés ont participé à la préparation, de la louange à l'intercession. C'est une occasion inespérée pour découvrir d'autres expressions possibles de la foi.

Je suis à l'aise. Certains parleraient sans doute avec dédain de relativisme. Oui, j'aime le silence d'une adoration ou les méditations d'un monastère. Ici, je me régale des multiples manières de s'approcher de Dieu. J'apprécie la ferveur qui se dégage de la prière spontanée. J'aime chanter à pleine voix avec le groupe de louange. Je crie vers Dieu avec le groupe d'action catholique ouvrière, dénonçant la folie du monde du travail, cherchant les pépites d'espoir. Je fredonne "jamais tout seul" avec une jeune haïtienne vibrante de foi dans une situation de dénuement. Je prie avec les disciples d'Emmaüs, pour avoir le feu au coeur et savoir reconnaître le Christ dans ceux qui sont isolés au milieu de nos jungles urbaines. Je prie encore pour que le Seigneur donne la sagesse à ceux qui nous gouvernent, de près ou de loin... Je frappe des mains en chantant avec mes frères et soeurs pour garder au coeur ce moment de partage.

La soirée se termine sur une touche conviviale, autour d'un verre et de quelques biscuits. Discussions, sourires, échanges, surprises, présentations... Et à l'année prochaine pour une autre prière, ensemble, pour nos villes.

lundi 16 avril 2012

Mots d'enfant

Matin de Pâques, je rappelle à ma "grande" (cinq ans et demi) l'importance du jour...
- Aujourd'hui, c'est Pâques, tu sais ce que ça veut dire ?
- Ouiiiiiiiiiiiii (avec un grand sourire), on fait la fête !!
- Et pourquoi ?
- Parce que Jésus, il est résu... rezé... Euh... Il est RE-VIVANT !


*****

Devant son documentaire sur les "bébés animaux", qu'elle me réclame régulièrement, on voit passer des vaches de diverses sortes et diverses couleurs... A un moment, je vois ce que je pense être des charolaises (en fait probablement des chillingham, je crois que le documentaire a été tourné en Angleterre), je lui demande :
- Tu sais comment elles s'appellent, les vaches blanches, là ?
- Euh...
- Comme chez Papi et Mamé...
- Euh... Des vaches natures ?!


*****

Fin de journée, retour à la maison :
- C'était bien l'école aujourd'hui ?
- Oui ! Avec Gabrielle, on a fait une activité... On a fait un bonhomme !
- Ah ? Et comment ?
- Ben, elle nous a donné du papier de luge et...
- Du quoi ??
- Du papier de luge ! Et puis on l'a plié, froissé, et on a fait un bonhomme...
- ...
Une semaine après, ma fille revient de l'école avec une statuette figurant un danseur... En papier d'alu !

lundi 02 avril 2012

Grâce et souffrance

Eloi, Eloi, lama sabacthani... A la mode, cette phrase ? Oui, sans doute car c'est la période... Vivre la Passion tout en connaissant la puissance d'espérance de la résurrection... Jésus a-t-il douté sur la croix ?

Bien sûr que non, diront les exégètes de tout poil, qui auront reconnu le psaume 22 (21)... Ce psaume des ténèbres, basculant aux deux tiers pour finir en cri de louange, préfigure sans aucun doute aux yeux du chrétien le sort qui attendra Jésus.

Bien sûr que oui, disent les partisans de la théologie dyophysite[1] ! Puisque Jésus est tout homme, il faut bien qu'il aie connu le doute, lui aussi ; la peur, l'angoisse, jusqu'au tréfonds de lui-même, jusqu'au bout de ses convictions.

Et pourquoi cela n'aurait-il pas été un cri de souffrance mais aussi d'espoir ? De l'auto-persuasion pour passer au delà de l'épreuve qui consistait quand même, excusez-moi du peu, à mourir ! Ce psaume, il le connaissait forcément. S'il en connaissait le dénouement, peut-être l'a-t-il choisi précisément parce que sa situation, cloué au bois de la croix, correspondait au dénuement[2], à la supplique désespérée du psalmiste au début du texte.

Il est impossible de souffrir, de mourir à la place de quelqu'un en grande détresse physique, psychique ou spirituelle. Mais à ses côtés, peut-être est-il possible de rappeler ce psaume, et son verset charnière : "Tu m'as répondu !"[3]. Oui, la douleur est là. Elle est terrible. Opaque. Étouffante. Elle empêche de voir autre chose. Elle aveugle le cœur et l'esprit. Elle empêche de penser, de raisonner. Elle transforme tout autour, de mal en pis. Mais il y a quelque chose, après. C'est comme la fumée dans un incendie : elle est toxique, irrespirable, elle affaiblit, oblige à se courber, se baisser, aller presque jusqu'au sol. Mais si l'on peut lui échapper, dehors, il y a de l'air frais.

Il faut cheminer par la Passion. Mais nous, chrétiens, savons qu'au bout, il y a la Résurrection. Bonne semaine sainte.

Notes

[1] mot barbare s'il en est, qui signifie "deux natures", pour exprimer toute la divinité et l'humanité de Jésus, réunies en un seul être... Oui, je sais, mon cours d'histoire du christianisme sur le concile de Chalcédoine tombe à pic !

[2] oui, sans le 'o', ici

[3] verset 22

jeudi 08 mars 2012

Valeur(s) ?

Fichier audio intégré

Ce sont des gens sans importance
avec des gestes quotidiens
qui font renaître l'espérance
et le bonheur entre leurs mains.

Ce sont des gens sans artifices
qui vous sourient quand ils sont bien
et vont cacher leurs cicatrices
parmi les fleurs de leur jardin.

Ils ont le coeur un peu fragile
et la pudeur de leur chagrin
leur donne un doux regard tranquille
un peu lointain...

Ce sont des gens sans importance
et qui parfois ne disent rien
mais qui sont là par leurs silences
quand ils sont loin.

Moi j'ai le coeur en plein décembre,
l'ami Pierrot s'en est allé
en emportant mes chansons tendres
et ton passé

et tous les mots sans importance
qui résonnaient dans la maison
mais qui sont lourds de son absence
dans ma chanson.

C'est peut-être à ceux-là qu'on pense
quand la mort vient rôder pas loin
en emportant notre insouciance
un beau matin ;

à tous ces gens sans importance
avec lesquels on est si bien
qui font renaître l'espérance
et sans lesquels on n'est plus rien.

Yves Duteil, Les gens sans importance (L'air des mots)

Je crois que j'aimerais bien être sans importance... Pensées, lecture, écoute croisées : 1 Corinthiens 1, 27 ; Isaïe 49, 14-16...

mardi 21 février 2012

Laissez moi croire !

Y'en a marre. Ok, dans nos contrées au catholicisme culturel à défaut d'être cultuel, nous ne risquons pas notre vie. N'en déplaise à certains qui aimeraient peut-être figurer en ce martyrologe, en d'autres lieux, d'autres temps, être chrétien signifiait prendre de gros risques. Plus maintenant, soit.

Est-ce que pour autant, je devrais sacrifier à l'athéisme d'Etat ? Sous prétexte que je veux vivre ma foi, dois-je subir sans rien dire les sarcasmes, les rires de mes proches, qui disent volontiers par ailleurs qu'ils "respectent" mes croyances ? Je veux préserver le temps que je consacre à ma pratique religieuse. Faire des concessions sur le partage biblique du jeudi soir, l'adoration du vendredi, le culte du dimanche... Ca finit par peser.

Oui, j'ai envie d'entrer dans une église, même cinq ou dix minutes, pour contempler les vitraux, prier, savourer le silence. Découvrir une histoire, fermer les yeux et se laisser habiter...

A la veille de l'entrée en Carême, je rêve d'une retraite, quelques jours. Pas une fuite[1] mais une plongée dans une source d'eau fraîche. Comme par immersion, laisser les bruits de l'extérieur parvenir étouffés, un murmure qui laisse la place aux chants, à la nature, au rythme des saisons... à la Parole.

Comme le père désespéré de cet enfant, dans l'évangile d'hier[2], je voudrais crier "Je crois, viens au secours de mon manque de foi !"

PS : Voilà trois ans que je vous abreuve de mes incertitudes, mes pas balbutiants en théologie, ma fierté d'avoir choisi le Christ pour modèle... Un peu de lassitude ? Il est possible que cela se voie...

PPS : J'ai validé le second module d'Ancien Testament... La suite commence ce vendredi. Pour la psycho... Rendez-vous en mai.

Notes

[1] Zabou l'a si bien dit...

[2] Marc 9, 14-29

lundi 13 février 2012

Te trouver

Quand un appel au secours vient perturber la routine du bureau... Trouver les mots pour écouter.
Quand la détresse amie glace coeur et esprit... Trouver malgré tout le chemin de la prière.
Quand la prière habituelle est bousculée par une demande pressante... Trouver le sourire pour répondre.

Quand l'obligation fait place à une rencontre étonnante... Trouver la disponibilité du coeur.
Quand le temps pris pour soi laisse le rire fuser entre amis... Trouver quelques minutes pour Te louer !
Quand le Corps exposé se fait douleur de l'absence... Trouver comment T'offrir cette souffrance.

Quand l'angoisse gagne devant la détresse de l'enfant malade... Trouver la force de confier le petit corps frissonnant.
Quand la honte de mon comportement me submerge face à mon frère dans le besoin... Trouver Ton pardon et apprendre à agir différemment.
Quand les félicitations récompensent le travail accompli... Trouver l'humilité de Te rendre cette grâce donnée.

A chaque moment, faire un pas vers Toi. Et vivre dans la paix.

lundi 06 février 2012

Anonyme, pseudonyme... Synonymes ?

C'est un marronnier pour les blogueurs, les participants à des forums ou les habitués d'Internet en général. C'est une mini-polémique qui a agité la catho-blogosphère la semaine dernière. Au départ, un twitt de l'abbé Amar, du Padreblog, devenu article complet, émettant des doutes sur l'honnêteté des gens s'exprimant par le biais de pseudonymes ou de manière anonyme.

"Le chrétien est un homme de lumière, il ne doit employer que des armes de lumière". Il y a confusion entre anonymat et pseudonymat. L'auteur le dit dans son article, anonyme et pseudonyme ne sont pas synonymes. Pourtant, il assimile les deux à des "voyous se couvrant le visage de cagoules". En simples termes juridiques, un blogueur paie son hébergement, ou à tout le moins doit généralement laisser une trace à son hébergeur de son nom et son adresse. Il n'est pas anonyme, même s'il utilise un nom de plume. Contrairement à l'anonyme passant[1] qui laisse un commentaire, parfois injurieux, sur un site, un forum ou un blog, le blogueur a "pignon sur rue" : on peut savoir de qui il s'agit, se faire une opinion d'après ses écrits.

Le pseudonymat est une simple précaution. Un peu comme de ne pas sortir dans la rue avec son nom inscrit sur le front au feutre indélébile. Il ne faut pas oublier que tout ce qui est sur Internet est, par définition, public. Et c'est surtout un danger, à mon sens : combien d'ados mettent à disposition, disponible pour n'importe qui, plus d'informations qu'il n'est nécessaire, et ce avec leur vrai nom, sur facebook ou twitter ? L'informatique est mon métier, j'en connais les possibilités et les dangers, c'est en pleine connaissance de cause que j'ai choisi mon pseudo et mon blog...

Certes, en pleine rue on peut aisément reconnaître un prêtre portant soutane, clergyman ou col romain ; un évêque à sa croix pectorale... Un pasteur réformé n'aura aucun signe extérieur de reconnaissance, mais est aussi un personnage public. Il me semble normal qu'ils parlent en leur nom, de la même façon que je peux parfois parler en mon nom en paroisse, si j'ai des engagements, ou au nom de ma société avec des clients ou des sous-traitants... Mais les gens que je croise dans la rue ne me connaissent pas, et se font une idée de moi à partir de ce qu'ils voient, observent, entendent... Exactement comme sur ce blog.

Quant à la mention "Bienvenue aux martyrs !"... Qu'en dire ? Si elle n'était pas prise dans une diatribe aussi sérieuse qu'elle semble l'être pour son auteur, je crois qu'elle m'aurait fait rire. Ce n'est pas parce que des frères chrétiens souffrent dans leur chair à cause de leur foi, un peu partout sur la planète, que nous devons faire de même. Ce n'est pas ainsi que nous les aiderons... même si certains prêtres rêveraient peut-être d'être parmi ces martyrs. Et donner un nom en pâture au web, lorsqu'on a famille avec enfants, est-ce vraiment bien raisonnable ? Des blogueurs tels que Koztoujours, Corine, Pneumatis (pour ne citer qu'eux) sont très engagés en paroisse, et présents auprès de leur famille. Je pense qu'ils vivent leur foi pleinement et au quotidien ; s'ils ne sont pas des martyrs, ce sont des cathos bien loin de la tiédeur...

Chers amies et amis, lectrices et lecteurs, je garde mon pseudo ici, chez moi :) . Certains parmi vous connaissent également mon nom réel ; à l'inverse, beaucoup de mes proches, certains de mes collègues connaissent également l'existence de ce blog... L'abbé Amar, s'il passe par ici (qu'il soit le bienvenu !) et souhaite savoir à qui il a affaire, peut me rencontrer. Il pourra s'assurer de mon "arme de lumière"... ou pas. Chaque blogueur utilisant un nom de plume doit un jour répondre à cette question. J'espère que ma réponse ne vous aura pas déçus.

Note

[1] et encore, celui-là aussi peut être tracé et inculpé, si besoin était...

lundi 30 janvier 2012

Unité et unions

C'était une nouvelle semaine de prière pour l'Unité. Il y a eu des temps de célébration ensemble. Des prières, bien sûr, des textes, des réflexions. C'était beau, d'avoir préparé ensemble, d'alterner les interventions, d'écouter la façon de croire de nos voisins. C'est toujours une grande joie de pouvoir louer, chanter ensemble, prier avec les mêmes mots. Nous avons réellement des raisons de louer Dieu pour tout ce que nous avons vécu dans cette semaine. Et quoi de plus important pour des chrétiens que d'unir leurs voix vers le Seigneur ?

Pourtant... C'était chouette d'être ensemble dans cette petite église, un peu froide mais simple et propice au recueillement ; mais les larmes me sont montées aux yeux quand même. Pendant que chacun prenait la parole pour louer ces prières pendant la semaine, pour confier aux uns, aux autres et à Dieu tel ou telle amie, collègue, enfant, ma gorge s'est serrée. Il paraît qu'il est temps de passer d'un oecuménisme de courtoisie à un oecuménisme de dialogue... Mais on en est tellement loin !! Il est où, le dialogue, quand on va écouter les autres une fois par an pour se donner bonne conscience ? Où se cache-t-il, le dialogue, quand les familles qui souhaitent garder vivantes leurs traditions, plutôt que d'en laisser une prendre le pas sur l'autre, ne peuvent toujours le faire que dans la douleur d'une séparation ? Où est l'Unité lorsqu'on ne leur permet pas l'union dans ce que le christianisme a fondé de plus beau[1] ? J'ai réalisé que l'oecuménisme qui se passe dans les paroisses n'est pas celui auquel je peux participer. On ne nourrit pas de la même façon un affamé et quelqu'un qui mange plus qu'à satiété.

Et aussi... ces pépites d'espoir. Deux Eglises, déjà en communion sur certains points, et qui préparent pour 2013 une véritable Eglise Unie. Le processus est long, difficile. Il doit ménager les sensibilités de chacun. Il met à nu les souffrances, les craintes, les rancoeurs, les réactions vives jusque là enfouies, les incompréhensions. Face à tout cela il y a des gens qui y croient, et qui déploient des trésors de patience, de dialogue, d'explication, de débats... Pour que finalement chaque personne trouve sa place, avec sa foi, son parcours, son envie de prier, de faire le chemin vers Dieu, dans cette nouvelle Eglise, qui ne sera pas forcément meilleure, mais davantage une, sainte, catholique[2] et apostolique !

Notes

[1] Oui, je parle bien de la communion

[2] mais, hélas, pas encore romaine

vendredi 20 janvier 2012

Un jour

Juste une journée... Vingt quatre petites heures, ajoutées aux quelques milliers qui constituent cette année. Un petit grain de sable cosmique, un infime rattrapage.

J'aime bien cette idée de la petite touche différente, le bonus, quelque chose de plus. A l'heure où la morosité et le pessimisme s'infiltrent jusque dans mon blog, mon boulot, les discussions avec mes collègues, j'aime penser que nous avons une occasion de voir la vie autrement. Tandis que les médias ne nous parlent que de crise, de panique, de rigueur, je veux imaginer qu'on a aussi un peu de latitude dans notre vie. Un imprévu, un moment de respiration, d'improvisation... Une pépite qui change de l'ordinaire.

Il est bien tard pour souhaiter quoi que ce soit pour les jours à venir. D'autres s'y sont essayés, et c'est un exercice bien difficile, dans lequel je me contente souvent de phrases convenues. Je voudrais tant pour chacun, chaque jour... Mieux aimer ce collègue qui m'agace, consacrer davantage de temps à ceux qui ont besoin de moi, finir ce que je m'engage à faire... Ce que je voudrais dire, je crois qu'il serait plus sage de laisser les paroles d'un chant liturgique l'exprimer pour moi :

Que la grâce de Dieu soit sur toi
pour t'aider à marcher dans Ses voies.
Reçois tout son pardon et sa bénédiction,
va en paix, dans la joie, dans l'amour.

dimanche 25 décembre 2011

Zoo

Dans les histoires de la Bible, les animaux sont très présents : du serpent du jardin d'Eden aux animaux fantastiques et composites de l'apocalypse, que de choix ! Chacun d'entre nous a probablement son histoire favorite, sa figure fétiche, sa mascotte... Il en a même été attribué aux évangélistes.

Ces bêtes sont utilisées pour mettre en valeurs certains caractères, certains types d'action. Mais nous pouvons parfois nous laisser tromper par la réputation de tel ou tel animal dans la société actuelle, qui n'aura pas grand chose à voir avec le contexte d'écriture du texte biblique...

Si l'on prend les animaux de la crèche, cela peut nous sembler bizarre : un âne, un boeuf... Le boeuf était, a priori, utilisé par paire pour les travaux des champs. Quant à l'âne, même s'il était un animal de bât, ne symbolise-t-il pas le voyage ? C'est ainsi que se déplaçaient ceux qui ne pouvaient s'offrir un cheval... Pourtant, à la nuit de Noël, ils sont là, tous les deux. Bien présents et sans doute utiles à ce nouveau-né qui arrive et à sa famille !

Saint et joyeux Noël à tous ! Que la joie de l'Incarnation illumine durablement votre quotidien...

samedi 24 décembre 2011

YHWH - יהוה

Sh'ma Israel YHWH elohenou YHWH erhad.
Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est Un.
Deutéronome 6, 4

Voilà, plusieurs siècles avant l'un ou l'autre Symbole (des Apôtres ou de Nicée-Constantinople, par exemple), une confession de foi du peuple juif. Autour de la Méditerranée, les peuples et les dieux sont légions ; la terre d'Israël, lieu de passage, point stratégique, est un verrou permettant de contrôler certains flux migratoires, et en devient un territoire convoité. Les Israélites se font envahir, une fois, deux fois... puis déporter. En exil, la foi du peuple juif va être mise à rude épreuve, sommée de s'intégrer au système de pensée babylonien. Ils ont tenu bon. Et ils s'affirment, ils affirment leur différence d'un Dieu unique, face aux panthéons de dieux.

Aujourd'hui, le peuple juif, peuple élu, continue d'affirmer sa foi en YHWH. Tétragramme sacré, nom imprononçable[1], il est à part, intouchable, plus grand que tout et tous. Ainsi va son peuple. Une collègue juive m'a dit un jour : "on a plusieurs fois tenté de nous éliminer, et même après plusieurs siècles, on est toujours là".

Les chrétiens[2] croient que Dieu, si intouchable soit-il, a décidé de se rendre proche des hommes. De s'incarner. Improbable, impossible ? Et si c'était le salut offert à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de naître au sein du peuple juif ? La possibilité de rejoindre cette formidable foi en Dieu, unique, tout-puissant...

Notes

[1] même dans notre groupe d'étudiants en théologie, je fais partie de ceux qui font la grimace lorsque notre prof prononce le tétragramme... Je dis toujours "Adonaï".

[2] les juifs messianiques, aussi, si je ne me trompe pas

vendredi 23 décembre 2011

Xénophilie

"Aimez-vous les uns les autres". S'il y a un commandement à retenir, s'il y a une instruction que nous nous devons de suivre plus que les autres, c'est celle-ci. De cela découle tout le reste : comment aimer son prochain et lui mentir ? Si l'on aime, comment imaginer quelque chose qui ne soit pas bénéfique pour chacun ?

Ce mot compliqué et que j'ai eu de la chance de trouver dans ces dernières lettres[1], vient du grec : xénos, l'étranger, et philia, l'amour... Aimer l'étranger. Qui est étranger ? Ce n'est pas seulement celui qui n'a pas ma couleur de peau, qui ne pratique pas ma religion, qui ne parle pas ma langue... Tout le monde est étranger à chacun, car nous avons été créés uniques. Chacun à l'image de Dieu, et chacun différent. Aimer l'autre, n'est ce pas d'abord accepter qu'il soit différent de soi ? Qu'il n'ait pas les mêmes goûts, pas le même mode de pensée...

Aimons-nous. Par choix. Nous n'avons pas le coup de foudre avec tout le monde, et c'est heureux ! Mais nous pouvons choisir d'aimer, ne pas laisser nos sentiments juger, ne pas rester impuissants. Refuser la peur de l'autre, juste parce qu'il ne correspond pas à l'image qu'on s'en fait. Garder le sourire... C'est plus facile qu'il n'y paraît ! Et c'est un début.

Dieu vient. Il vient pour tous, et pour chacun. Unique et universel... dans l'Amour.

Note

[1] Oui, je sais, j'ai un peu triché... En 'W' je n'avais que Walhalla ou Wapiti, et comme je ne me sentais pas d'humeur guerrière ou sauteuse...

jeudi 22 décembre 2011

Vie

J'ai eu l'occasion, un jour, de me rendre dans un petit village près de Strasbourg. Là, j'ai fait connaissance avec une jeune théologienne, fille de pasteur... Il se trouve qu'elle était également maman de jumelles, qui avaient un an à ce moment, et se prénomment Eva et Zoé... "La vie", en hébreu et en grec...

En apprenant cela, j'avais trouvé le symbole merveilleux. Comme une démonstration éclatante, une confession de foi extraordinaire de cette théologienne, qui concrétisait ainsi d'une manière simple, mais tellement parlante, sa foi en Dieu créateur de vie !

Aujourd'hui la vie vient parmi nous. Et les mamans qui sont enceintes le savent bien, cela fait un drôle d'effet de célébrer cette naissance, tout en préparant une autre arrivée... Comme un niveau de réflexion différent...

mercredi 21 décembre 2011

Unité

Ambiance de Noël... Imaginez... Durant quelques heures, voire quelques jours, le pays tourne au ralenti. Les hommes, comme la nature, freinent leur rythme. Soirées au coin du feu, entre amis ou en famille, rassemblements associatifs ou paroissiaux, et un air de fête qui s'étend jusqu'aux hôpitaux, aux prisons, à la rue. Pour quelques heures, oublier tous les différends, faire le bonheur de ceux que l'on aime, voici ce qui anime le coeur de chacun.

Peu importe la pratique religieuse, les coutumes familiales, la météo. L'Esprit est là, qu'il se nomme esprit de Noël, Esprit Saint, Hanoukkah... Est-ce ce que Dieu voulait pour sa Création ? J'ai la faiblesse de le croire... De vouloir croire qu'il y a davantage dans tout ça que du commerce, des hasards de calendrier, une bonne humeur forcée. Il y a un plus, le petit plus qui fait de nous des humains, des créatures faites à l'image de Dieu... Pas des animaux ou des êtres créés par le hasard : les animaux ne fêtent pas Noël !

mardi 20 décembre 2011

Trouver

Trouver... une raison de vivre. Parmi un monde qui devient fou, qui nous fait parfois rire mais souvent peur, que nous voyons s'emballer sans savoir comment l'arrêter... Voir au coeur des ténèbres l'étincelle de lumière, la flamme de l'espérance qui rallumera toutes les autres.

Trouver... un chemin. Lorsqu'on se sent perdu, entouré de présences hostiles, qu'on a l'impression d'être attaqué, sentir une présence réconfortante, la chaleur d'un sourire, la douceur d'une main. Retrouver la route que l'on croyait avoir quittée.

Trouver... un cadeau. Celui qui va faire plaisir, qui surprendra, qui conviendra. Celui que l'on abhorre mais qui ravira l'être aimé, ce proche qui n'a pas les mêmes goûts que nous. Préparer, chercher, concocter, agencer les objets, les gestes, les mots qui feront, ensemble, le présent, le souvenir.

Trouver... un enfant. Pendant la nuit la plus longue, la plus froide, quitter le foyer chaud, aller chercher le petit, transi, qui attend là, à la porte, parce qu'il n'a personne. Devenir, un peu, sa famille. Suivre l'étoile. La laisser nous étonner, oublier les habitudes pour observer ce qu'on ne voit pas. Le coin un peu caché, à l'abri, qui protège du vent... L'arrière du pilier...

Trouver... le temps. Celui de la prière, celui du calme, celui du repos. Apprécier le repos de la terre et se l'approprier. Lever le nez et déguster les décorations de lumière. Voir le monde et louer Dieu. Adorer Dieu et aimer le monde.

lundi 19 décembre 2011

Shalom

Shalom ! La paix soit sur toi ! La salutation juive[1] est d'abord un souhait de paix pour l'autre.

Et il a sans doute fallu beaucoup d'apaisement dans la voix de l'ange lorsqu'il est apparu à Marie... Shalom, paix, ne crains rien ! Elle avait pourtant de quoi. Porter un enfant sans être mariée, sans l'institution du couple, hier comme aujourd'hui, ce n'est pas évident.

Et la crainte de Marie n'était rien à côté de celle de Zacharie... Lui n'a pas cru l'ange, et est resté muet (de stupeur ?) jusqu'à la naissance de son fils. Shalom... La paix du coeur, la paix du corps.

Shalom ! Elisabeth et Marie, se saluant mutuellement, se souhaitent la paix... À quoi s'ajoute une grande allégresse, si bien que le petit Jean, encore dans le sein de sa mère, en bondit ! Paix de l'âme, joie des coeurs, louange au Seigneur... Magnificat !

Shalom... Que la paix du Seigneur soit avec chacun...

Note

[1] et sa comparse arabe, à la sonorité proche, salaam

dimanche 18 décembre 2011

Roi

Jésus, nous dit la Bible[1], descendrait en droite ligne du roi David. Descendant de roi, promis à le devenir... Comme David, Jésus est né dans une famille modeste. Comme lui, il a été reconnu petit par de grandes figures de son temps : Samuel pour David, Syméon et Anne pour Jésus. Comme lui, il a été poursuivi et a dû fuir devant son propre roi...

Les rois, ce sont aussi ces savants riches, venant d'ailleurs. La légende dit qu'ils étaient rois de pays lointains... Jésus comme un suzerain suprême, universel ? Voilà qui confirmerait, dès son début de vie, sa filiation divine : dans l'Ancien Testament, Dieu n'est-il pas présenté comme le suzerain suprême d'Israël ? Celui qui se bat contre les autres dieux, qui fait plier les autres rois pour tenir la promesse envers son peuple ?

Oui, Jésus est roi. Et il a endossé ses responsabilités jusqu'au sacrifice de sa vie sur la croix, pour ses sujets...

Note

[1] Matthieu 1, 1-6 et Luc 3, 32-34

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